La Famille Doumbia

Langue : français Auteur : Mahamadou Traoré et les enfants du Centre Social les Larris-Maradas de Pontoise,  adapt. Graine de Savoir Illustrateur : Massiré Tounkara Lieu d'édition : Bruyères-sur-Oise (France) Éditeur : Association Graine de savoir & Soif d’apprendre Année d'édition : 2012 Collection : Un monde de familles Nombre de pages : [28 p.] Illustration : Couleur Format : 15 x 21 cm ISBN : 979-10-90807-03-7 Âge de lecture : À partir de 13 ans Prix : 5 €
jeune femme face à un énorme serpent

Joliment illustré par les aquarelles pleine page de Massiré Tounkara, ce conte malinké, à raconter en 15 minutes nous dit-on, offre l’histoire de deux coépouses peules du pays Mandé, qui accouchent à une semaine d’intervalle de deux enfants : un garçon, qui deviendra le chef des initiés, et une fille née avec quatre dents et sur laquelle va se concentrer le récit. Enfant, elle préfère la compagnie des garçons et leurs jeux. Devenue adulte, non contente d’avoir pris la tête de la société secrète réservée aux femmes, elle brigue l’initiation à la société des masques, traditionnellement réservée aux hommes – un comportement étrange quand on sait la force que conserve l’interdit des masques dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ignorant les avertissements de son demi-frère, et bien décidée à faire tomber le mur « entre les hommes et nous, les femmes », elle prend un vêtement masculin, défie les masques lors de leur sortie annuelle et les tue les uns après les autres. Ce discours aux accents typiquement européens ne lui réussira pas : elle sera finalement terrassée par le dernier-né de sa famille, un enfant terrible, à son tour éliminé par les initiés pour avoir transgressé l’interdit, qui veut que les enfants non plus ne voient pas les masques. En mourant, l’enfant reconnaît son erreur et dit sa solidarité avec les femmes. La double morale de ce récit présente des leçons contradictoires : la première, destinée aux femmes et qui suit la tradition, est qu’ « on ne transgresse pas les interdits établis par une société ». La seconde, très vague, fait appel aux hommes pour promouvoir l’unité entre hommes et femmes.

En accord avec la politique éditoriale de l’association Graine de Savoir, le conte est suivi d’activités à faire en famille, dont on peut regretter qu’elles ne soient pas reliées au récit qui les précède. Une activité manuelle d’abord, faire son sac de voyage (à partir de 6 ans), suivie d’un jeu pour voyageurs (à partir de 14 ans). Les dernières pages offrent en outre, comme les autres ouvrages de cette collection, une brève présentation de l’association, suivie d’un court lexique et du schéma de la chaîne du livre, de sa création à sa distribution, montrant comment ces différentes étapes relient conteurs et lectorat et permettent d’encourager la lecture. La collaboration entre l’auteur et les jeunes de cette commune du Val-d’Oise met en avant les liens tissés par le biais du conte et de la lecture entre le Mali et la France.

Françoise Ugochukwu