Papa je ne suis pas ta femme

Langue : français Auteur : Adélaïde Fassinou Illustrateur : Constant Tonakpa Lieu d'édition : Cotonou Éditeur : Star Editions Année d'édition : 2010 Collection : Star Jeunesse Nombre de pages : 149 p. Illustration : N/A Format : 22 x 14 cm ISBN : 978-99919-340-4-4 Âge de lecture : À partir de 14 ans

Fin des vacances. Une adolescente apprend qu’elle doit partir en pension finir ses études, parce qu’elle a raté son BEPC (brevet des collèges). La première partie du livre, écrite à la première personne, nous plonge dans ses états d’âme. Elle ne comprend pas la décision de ses parents, que sa mère ait si peu plaidé sa cause, que son père décide des choses d’une façon si autoritaire. Peu à peu, on pénètre dans l’intimité de la famille et on découvre les tensions entre père et mère à son sujet. Jusqu’au départ.

Dans la deuxième partie, écrite alternativement du point de vue de la mère ou de la fille, on comprend que le départ a été aussi douloureux pour l’une que pour l’autre. On plonge alors dans les états d’âme de la mère : sa lassitude face à la routine qui s’installe dans son couple, ses ambitions professionnelles limitées par la vie domestique et, finalement, son départ, tandis que sa fille, qui entre à la fac, va prendre la responsabilité de la maisonnée. Si la jeune fille accomplit les tâches domestiques, comme sa mère (sa participation a toujours été considérée comme un aspect de l’éducation, indispensable à une jeune fille accomplie), le « je ne suis pas ta femme » revient comme un leitmotiv dans sa bouche. C’est un cri de révolte contre les adultes qui prennent des décisions concernant la vie de leurs enfants sans les consulter, contre la condition des jeunes filles élevées dans la perspective d’être épouses et mères un jour, sans égard pour leurs ambitions personnelles. Quant à la mère, son attitude vient démontrer ce qui se passe quand on s’en tient, sans le vouloir, aux rôles affectés par la société ; elle quitte son foyer pour s’accomplir, au détriment de sa fille qui devra la remplacer, passant ainsi pour une femme irresponsable et égoïste.

Le ton utilisé par la jeune fille est très respectueux pour une jeune contestataire. Elle râle mais se soumet. La mère ne dit rien, et part. Deux destins croisés sur ce que pourrait être la condition de la femme. Un livre engagé pour le respect des femmes, destiné aussi bien aux adolescents qu’à leurs parents.

Le texte aurait sans doute gagné à avoir un narrateur unique. On passe brusquement de la fille à la mère pour revenir à la fille, et on découvre que ce journal, écrit au présent, prend en compte des confidences qui auront lieu bien plus tard pour excuser les actes de l’une ou de l’autre. On s’y perd et le récit en est affaibli.

Adélaïde Fassinou, béninoise, professeur de français, actuellement conseillère auprès du Ministère chargé de l’emploi des jeunes et des femmes, est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages dont Yémi ou le miracle de l’amour (Le Flamboyant, 2000).

MPH