Petit Bodiel

Langue : français Auteur : Amadou Hampâté Ba Lieu d'édition : Abidjan (Côte-d’Ivoire) Vanves (France) Éditeur : NEI,  Édicef Année d'édition : 2009 Collection : LIRE Nombre de pages : 147 p. Illustration : N/A Format : 11 x 17 cm ISBN : 978-2-84487-376-7 Âge de lecture : À partir de 14 ans. Prix : 4,76 €
Portrait photographique de l'auteur

Amadou Hampâté Bâ (1901-1991), figure majeure de la littérature africaine fait partie des grands écrivains de l’Afrique de l’Ouest nés dans les premières décennies du XXème siècle qui - tels L.S. Senghor, Birago Diop, Bernard Dadié, Djibril Tamsir Niane, Boubou Hama, Abdoulaye Sadji… - ont veillé à recueillir, transcrire et expliquer les trésors de la littérature orale en pensant tout particulièrement à la jeunesse. Petit Bodiel, conte initiatique issu de la tradition peul paru en 1976 en édition illustrée, est emblématique de cette démarche. C’est l’histoire d’un jeune lièvre « modèle des mauvais petits » que son ambition de s’améliorer va conduire sur « le chemin facile et descendant de la ruse », expliquant pourquoi les lièvres ne se déplacent qu’en courant et en sautant. Mais au-delà, le conte - « un miroir tendu dans lequel chacun doit pouvoir se reconnaitre », selon les mots de l’écrivain - laisse entrevoir au profane même la richesse et l’enseignement d’un contenu « initiatique » à différents niveaux d’accès, avec des messages implicites ou non sur la nature humaine, les apparences, les rapports sociaux, la fonction sacrée de la mère, la réussite et la prise de pouvoir, la force du désir, la ruse comme arme, la mort…

Entre le chemin de sagesse envisagé, l’ascension au troisième ciel où siège Papa Bon Dieu dispensateur de « la ruse fine », la mystification d’éléphant et d’hippopotame et la déchéance ultime, l’itinéraire du lièvre, riche en péripéties, pétri d’humour, est narré sur un ton des plus savoureux, voire avec truculence. « Notre terre n'est pas un séjour de tout repos », constate l’écrivain malien. En effet ! C’est aussi, avec le charme de l’oralité, un parcours de lecture plein de vie, d’un humour total, riche en néologismes, en formules succulentes et imagées (« la mort a pris ma mère en filature »…), qui réserve l’ouvrage aux bons lecteurs ou qui requiert la médiation d’un adulte.

A côté de l’édition d’origine de 1976 au Nouvelles éditions africaines, joyeusement illustrée par Lorofi, indisponible depuis longtemps, l’édition actuelle aux NEI, revue et corrigée, quoique plus austère, a le grand intérêt d’une annexe d’Hélène Eckmann, la légataire littéraire de l’écrivain, reprenant des propos parfois inédits de l’auteur sur la fonction générale du conte africain et sur Petit Bodiel en particulier. Plus encore, on peut lire un précieux « testament » de l’auteur, écrit en 1985, une lettre à la jeunesse africaine: «Soyez au service de la vie sous tous ses aspects».

ML