Quand la BD d’Afrique s’invite en Europe

Répertoire analytique

Langue : français Auteur : Christophe Cassiau-Haurie Lieu d'édition : Paris (France) Éditeur : L’Harmattan Année d'édition : 2012 Illustration : Couleur Format : 20 x 28 cm ISBN : ISSN 0796-9740 Prix : 1000 CFA
sur fond blanc, dessin d'un homme fusil à l'épaule, tenant une femme

Cet ouvrage, qui a pour but d’offrir un panorama de la bande dessinée africaine en Europe, de ses auteurs et de ses thèmes, est introduit par seize pages passant en revue quarante ans de publications. Nous y apprenons que la production de bandes dessinées venues d’Afrique, essentiellement due à des auteurs et illustrateurs de la diaspora, a d’abord été largement ignorée du public européen, avant que l’explosion des titres et la qualité des albums présentés sur les marchés francophones du Nord n’attire l’attention. Cette production, déplacée du fait de la faiblesse du marché du livre et de la bande dessinée sur le continent africain mais évoquant divers pays d’Afrique du Nord et subsaharienne (Algérie, Côte-d’Ivoire, Cameroun, RDC, Rwanda, Afrique-du-Sud, Madagascar…), a permis d’améliorer l’image de l’Afrique auprès du public européen. L’introduction offre un panorama historique de cette production depuis ses débuts dans les années 1930. Les bédéistes africains en Europe ont d’abord eu beaucoup de mal à s’imposer et ont souvent, pour cette raison, créé leurs propres structures éditoriales. L’auteur conteste l’image d’édition de ghetto collée à l’édition africaine et insiste sur le fait que, créée par des Africains, elle ne s’adresse pas qu’aux lecteurs du continent, ses auteurs cherchant à se faire connaître sur le marche global, en passant souvent par les départements et les territoires de l’outremer français, escale privilégiée dans ce mouvement d’ouverture vers le Nord. L’introduction souligne encore le rôle moteur des ONG tant dans la production et la diffusion des bandes dessinées traitant des thèmes de la santé et de l’éducation que dans le lancement des bédéistes, et révèle comment elles ont facilité la publication de ces bandes dessinées par des éditeurs généralistes comme Albin Michel. L’auteur aborde enfin, par le biais de la bande dessinée, les rapports entre Afrique et Europe.

L’ouvrage recense ensuite soixante-seize albums publiés entre 1985 et 2011, regroupés et analysés sous seize rubriques selon les thèmes traités, dont les droits de l’homme, l’histoire du continent, la sorcellerie, l’immigration, la tolérance et la vie quotidienne. On notera plus particulièrement les bandes dessinées traitant des droits de l’enfant, de l’intégrisme musulman et de la double appartenance culturelle. L’auteur fait, en outre, une place aux adaptations d’œuvres littéraires, dont L’Enfant noir et Les Aventures de Leuk-le-lièvre, aux revues et anthologies. L’Afrique du Sud, souvent considérée comme en marge du continent, est le seul pays à voir ses bandes dessinées regroupées au sein d’une même rubrique. Les dates de publication de ces bandes dessinées, dont la plupart est parue à partir de 2004, reflètent l’explosion mentionnée plus haut. Chaque analyse est suivie d’une présentation de l’auteur de l’album et d’une courte bibliographie. On retiendra particulièrement l’album Mémoire de l’esclavage (2010) et la série Aya de Yopougon, qui illustrent la capacité des ouvrages à toucher tous les publics pour une découverte de la bande dessinée africaine dans toute sa variété. L’auteur a publié sur ce thème, dans le dossier « La Bande dessinée » de Takam Tikou, l’article « Quand les auteurs et éditeurs africains de bandes dessinées publient en France et en Belgique ».

Françoise Ugochukwu