Barka, l’ami de Sayouba
Les éditions Ruisseaux d’Afrique et Béatrice Lalinon Gbado à leur tête ne cessent d’innover, tout en étant fidèles à leurs orientations vis-à-vis du jeune lectorat : exigence de contenu, qualité de l’écriture, de l’illustration, de la maquette, souci d’une forme adaptée à l’information documentaire que nombre de leurs ouvrages délivrent et ancrage profond dans les cultures propres… Ici, la surprise est celle du grand format (37 x 28 cm), du déroulement de lecture (reliure en haut, comme on ouvrirait un calendrier), de l’utilisation de la photographie pleine page - en trame de fond (la peau en gros plan de l’hippopotame) sur laquelle s’inscrit le texte pour les pages supérieures, en scènes aux plans de plus en plus rapprochés pour les pages inférieures -, sans parler de la texture particulière du papier et… du ton du récit. C’est celui, par un jeune garçon, des heures passées sur le fleuve Niger en compagnie de son oncle. L’enfant sait qu’il va retrouver le jeune Sayouba et Barka l’hippopotame dont Sayouba s’est fait un ami au point de le nourrir sans crainte. C’est à une promenade paisible et à une rencontre étonnante que l’album invite, tout en contradiction avec la force et la crainte qu’inspire l’animal redoutable. Dans cette ode à la vie, à la nature, aux animaux, l’atmosphère et le ton portent la marque très personnelle de l’auteure : une forme de lyrisme serein se dégage d’une écriture à l’inspiration sensible et aux termes choisis, de l’utilisation de ses propres photographies, de la création d’un climat visuel en demi-teinte, pastel de nuances grisées aux variations infimes. Le récit pourra difficilement être lu par le jeune lecteur, mais il écoutera et contemplera les images. L’auteure, elle, lui fait résolument confiance en l’entraînant loin de ce qu’on lui réserve habituellement ! (Marie Laurentin)
On a coutume de voir les superbes illustrations de cette maison d’édition, mais ce nouvel album est tout à fait original et donne envie de l’explorer avec enthousiasme ! L’action se situe au Mali, sur les rives du fleuve Niger. L’auteure nous entraîne dans un récit poétique : un fleuve qui « porte l’homme, les marchandises, et le vent », « irrigue les rives et nourrit la vie », « brille à la lueur de la lune ou à l’éclat du jour couchant, bercé par le bruit des pagaies », « eau qui coule le long du bois sculpté »… Dans cette ambiance, les amoureux de l’eau et du soleil se régalent de gros capitaines, de jus de fruits et de feuilles de kilitchi… - comme le dirait l’oncle Amadou : « Ces instants qui font que la vie dure, que la vie a un bon goût qui demeure… » Puis nous découvrons une étrange amitié entre Sayouba et Barka, l’hippopotame. Oui, cette bête brute dont les anciens ont l’habitude de dire : « L’hippopotame ne comparaît devant aucun tribunal, lorsqu’il renverse les barques ». Ce livre est une œuvre d’art à part entière, l’histoire est juste amusante, dans un très beau décor, et fera plaisir aux jeunes lecteurs qui n’ont pas l’habitude de contempler un tel géant de l’eau, surtout quand son seigneur lui apporte à manger. Un vrai spectacle ! ( Djénéba Sidibé)
Marie Laurentin et Djénéba Sidibé