La Fille qui n'existait pas
Tina, 16 ans, réfugiée congolaise (RDC), vit depuis cinq ans dans la rue, dans une grande ville imaginaire au Kenya. Elle est affiliée à un gang, les Goondas, et excelle dans les larcins de toute sorte - la description minutieuse des différentes techniques qu'elle met en œuvre pour les mener à bien est des plus savoureuses. Tina a deux objectifs dans l'existence : prendre soin à distance de sa demi-sœur, prise en charge dans une institution caritative, et venger sa mère, femme de ménage pour une riche famille mixte, dont elle pense qu'elle a été assassinée par son patron.
Au début du roman, Tina est envoyée par son gang pour s’introduire dans la demeure hyper-protégée de ce dernier, et pour y voler des informations compromettantes. Les choses vont prendre un virage inattendu quand Tina tombe sur le fils de la maison, avec lequel elle a été amie autrefois, quand elle menait une vie normale. Lui est persuadé de l'innocence de son père. Ils vont tous deux mener une enquête très risquée et pleine de rebondissements, jusqu'au dénouement final.
Il s'agit donc d'un thriller politico-policier, plein de bruit, de fureur et de suspense. La touche moderne est apportée par le jeune Skinny, fan inconditionnel de Tina et geek super-compétent. Le contexte est dangereux : les gangsters sont sans scrupules, les milices sans pitié et l'industrie minière corrompue jusqu'à la moelle. Il faudra toute l'intelligence, l'énergie et la résilience de Tina (with a little help from her friends) pour parvenir à l'issue finale, assez subtile pour ne pas sentir l'eau de rose. Les personnages secondaires sont typés sans être caricaturaux. Le langage est savoureux, parsemé d'expressions en swahili (et en français dans le texte original américain).
Le roman - City of Saints and Thieves en anglais - a rencontré un bon accueil sur divers blogs de jeunes lectrices. À recommander donc à des adolescent(e)s qui aiment les histoires un peu complexes et ne sont pas effarouché(e)s par une description assez crue de la violence.
Nathalie C. Anderson, américaine, a passé dix ans en Afrique à travailler avec des ONG dans le domaine de l'aide aux réfugiés.
CR