La Tortue sur le dos
The Tortoise on her back
Kôlôh la tortue se plaint de sa lenteur et elle finit par s’isoler des autres animaux qui se moquent d’elle. Un jour, sur un chemin qu’elle est la seule à emprunter, elle tombe se retrouve sur le dos. Sans personne pour la retourner, elle risque de mourir. Mais elle est sauvée par une vipère. Du coup elle comprend qu’il vaut mieux être vivant et lent que mort et s’accepte telle qu’elle est.
Un livre frappant parce qu’on est en pleine acculturation. Autrefois, dans les contes, les caractères des animaux n’étaient pas pris comme des défauts mais comme des qualités. La tortue était lente, mais cela lui donnait le temps de réfléchir et on faisait ressortir sa sagesse. Dans notre société moderne où la rapidité est le maître mot de la réussite, cette qualité est devenue un défaut. Et la tortue elle-même, qui a pourtant conservé dans l’histoire son nom traditionnel, semble avoir perdu son âme. Son trait de caractère devient handicap. Il lui semble que si elle n’est pas comme les autres elle ne peut pas vivre avec eux.
Le thème de la différence n’est pas abordé dans la perspective du groupe homogène qui rejetterait un individu différent, mais du point de vue de l’individu singulier qui s’isole du groupe et s’en exclut parce qu’il ne supporte pas sa particularité. Point de vue assez rare et intéressant. La sagesse de la tortue l’emporte au final. Après une rude épreuve dont elle sort grâce à l’aide de quelqu’un, elle se redonne sa place dans la communauté en s’acceptant comme elle est. Sur les pages de gauche, des illustrations drôles, vivantes, expressives ; sur celles de droite, le texte de M. Tanon-Lora, économe et efficace, en français et en anglais, bien lisible.
MPH