Les Princes de la transhumance
Chaque année, les troupeaux de bœufs, moutons et chèvres quittent le village sous la conduite des bergers pour trouver des pâturages de l’autre côté du fleuve. Cet album raconte une de ces transhumances que l’on suit à travers le regard d’Abdoul qui accompagne son grand frère pour la première fois afin de veiller sur une vieille vache qu’il aime comme une sœur. Le texte fait toute sa place au lien particulier entre les Peuls et leurs bêtes. Les vaches jouent un rôle économique indéniable, elles traduisent le statut de leur propriétaire. Toutefois, la relation entre Abdoul et Woykassa la vieille vache, qui ne donne plus de lait, montre à quel point les Peuls peuvent avoir un attachement sentimental fort à leurs bêtes. Cette transhumance est aussi un voyage initiatique pour le jeune garçon, encore écolier. Il y découvre les rites et les traditions liées à la transhumance qu’il n’aurait jamais connus s’il n’avait sacrifié quelques mois de classe pour veiller sur la vieille vache. Mais s’il gagne le concours de poésie, au retour du troupeau, c’est grâce à ce qu’il a appris à l’école. L’auteur réussit à concilier école et savoir traditionnel et reflète ainsi une nouvelle tendance de l’édition jeunesse en Afrique. Les illustrations à l’aquarelle sont douces et paisibles comme le rythme des bêtes qui avancent dans la brousse. Techniquement, on peut regretter les trop grands agrandissements de certaines illustrations qui perdent de leur précision à l’impression. Le texte écrit dans une langue simple donne des informations précises et très complètes sur la transhumance à travers une histoire sensible qui accrochera mieux les enfants qu’un documentaire technique sur le même sujet. (MPH)