M’pessa et Jengu la déesse des Eaux
Contes du Cameroun
La couverture bleue, aux reflets d’eau, et son illustration, celle d’un pêcheur pris dans les filets
des sirènes, introduisent ce recueil à leur manière. Les quatre contes qui le composent sont accompagnés de quelques dessins au crayon. « La Prophétie de Hibata’di’ngame la mygale »
nous emmène au cœur de la forêt, sur le bord de la rivière. Nous y rencontrons une femme âgée, accusée de sorcellerie et bannie de son village à la suite de la disparition de son fils unique. Le retour du fils, prédit par la mygale, innocentera la mère ; jeunes et moins jeunes apprendront ainsi à ne pas accuser autrui injustement. Le deuxième conte présente un autre souffre-douleur, le caméléon. Après avoir, en vain, égrené ses malheurs au rossignol, à la poule, à la perdrix, au pigeon-voyageur et aux autres animaux, le caméléon est sauvé par l’arc-en-ciel. À son retour du ciel, paré de belles couleurs, le caméléon, à nouveau en butte aux moqueries, va découvrir le nouveau pouvoir que lui confère son costume aux reflets changeants. Le troisième conte, qui donne son titre au recueil, illustre la croyance aux esprits des eaux et aux richesses de Mammy Water, la déesse marine, croyance répandue dans toute l’Afrique et au-delà. Ce conte offre une variante du conte africain traditionnel de la fille difficile ; mais c’est ici un jeune homme qui refuse de se marier. Comblé de cadeaux par une sirène, il sera puni de l’avoir ensuite repoussée. Le dernier conte clôt le recueil sur une réflexion politique sur la démocratie et la dictature, l’importance de la parole publique et les vertus du dialogue. L’auteur, poète, conteur, dramaturge et romancier, dont c’est le premier livre publié, plonge ses lecteurs dans un monde ou les animaux dialoguent avec les hommes.
Françoise Ugochukwu