À toi le Sénégal !
Deux enfants, personnages dessinés de ce documentaire illustré de photographies, font découvrir leur pays au lecteur. Le choix d’une citadine musulmane et d’un insulaire chrétien permet de décrire la cohabitation pacifique de deux religions, dont l’une est largement majoritaire, tout en comparant la vie en ville et celle au village.
Chaque chapitre se déroule sur une double page où des paragraphes côtoient des vignettes, titrées en wolof et français, apportant des précisions autour d’un mot ou d’une expression. Six pages dédiées à l’école décrivent une journée-type d’un écolier et ses loisirs ou évoquent les écoles franco-arabes. La cuisine n’est pas en reste avec description des aliments de base ou des « bonnes manières » et deux recettes. Le chapitre « Stars et héros », qui aborde la mode, la musique, la littérature et le sport, brise l’image atemporelle que l’on retrouve souvent quand il s’agit du continent africain. Le lecteur découvre aussi que les Africains sont polyglottes : un enfant, en plus de l’idiome familial, parle la « langue de communication » et la « langue officielle ».
Voici donc un ouvrage au moins aussi attractif qu’Aujourd’hui au Sénégal de Fabrice Hervieu-Wane. Mais l’approche historique de ces livres reste maladroite. « Petit » et « très pauvre », le Sénégal semble être né avec la colonisation… Cécile Benoist évoque « de petits royaumes », mais sa chronologie ne commence qu’en 1848 (abolition de l’esclavage). Fabrice Hervieu-Wane, s’il définit d’entrée le Sénégal uniquement à travers le fait qu’il « a été une colonie française jusqu’en 1960 », a au moins le mérite d’offrir un aperçu plus large de l’histoire précoloniale du pays, en débutant ses repères chronologiques au IIIe siècle avec la « naissance de l’Empire du Ghana ». À toi le Sénégal reste cependant un documentaire riche en informations, agréable à lire et permettant au lecteur, grâce au glossaire wolof-français et aux explications sur la prononciation, de s’essayer au wolof.
Fatou Camara