Le Don du génie ou l'origine du proverbe
Voici l’un des neuf contes en BD de la collection Les dits d’hier, des contes qui, tous, expliquent la cause d’un phénomène. Ils sont écrits et publiés par Kémado Touré, conteur, fils de conteuse, écrivain et chercheur, engagé dans la revalorisation de la tradition orale. Il a choisi de les présenter en forme de petite BD, avec deux grandes cases par page (dommage que les noms de leurs auteurs soient bien cachés ou absents). Le procédé narratif reposant sur l’image (le texte – narration et dialogues – étant très simplifié), les contes se voient réduits à leur plus simple expression. Le texte du narrateur apparait sur fond blanc ; celui des bulles de dialogue, sur une couleur différente pour chaque personnage, aidant ainsi le jeune lecteur à comprendre qui parle. Narrations assez limpides, textes simples, illustrations claires et efficaces rendent ces contes accessibles dès l'école primaire. En contrepoint à cette simplicité, les préfaces et les avant-propos signés par des universitaires, chercheurs ou écrivains comme Aminata Sow Fall et Raphaël Ndiaye, donnent d’emblée ses lettres de noblesse à la collection. Ils font ressortir les grands thèmes des contes, en tirent la « morale » ou en expliquent les éléments culturels ou symboliques. Ces textes introductifs pourront aider l’adulte animant les échanges nécessaires après la lecture, comme on le fait après les séances de contes, car leur contenu est parfois déroutant. Enfin, les contes sont pour la plupart suivis d’une page de proverbes illustrés et d’un poème invitant à la prière (assez œcuménique, mais exprimant quand même une prise de position, « Dieu n’est pas Jésus »).
Ce titre met en scène Miskine, Fanta et leur enfant. La famille est très pauvres. L’enfant, courageux, se fait employer comme berger et un jour, il reçoit d'un génie un immense troupeau contre la promesse que Miskine ne viendra jamais voir les animaux. La famille vit désormais dans l’abondance mais Miskine, curieux, prend un jour le chemin de l’enclos, observe le troupeau et maltraite le génie, qui s'était transformé en varan, l’abattant contre le sol. Le varan, furieux, fait disparaître le troupeau et ne le rendra que si l'enfant fait subir à son père le même outrage. Œil pour œil, dent pour dent où « courte queue se paie par courte queue »… Le conteur conclut en prenant à partie son auditoire pour savoir ce qu'il aurait fait à la place de l’enfant, dans un de ces dilemmes ou les deux solutions sont mauvaises. Illustration expressive, sympathique. Préface très intéressante de Mariama Ndoye autour des génies, qui apporte des éclairages sur le conte.
MPH