Un ethno-conte

Tooksipa et le tabouret d'or

Langue : français Auteur : Abbadan (dit Jean-Marie Hosatte) Illustrateur : Helder Da Silva Lieu d'édition : Morges Éditeur : Glénat Année d'édition : 2016 Nombre de pages : [48] p. Illustration : Couleur Format : 32 x 24 cm ISBN : 978-2-940446-50-6 Âge de lecture : À partir de 12 ans Prix : 14,99 €

Sur la terre des Gan, au Burkina Faso. Tooksipa, tel l'enfant d'éléphant du conte de Rudyard Kipling, est un enfant curieux de tout ; il est protégé par le Grand Serpent Python. Quand il rencontre au bord du fleuve un jeune garçon étrange à la peau blanche, Kofi le Sage le met en garde et lui raconte l'histoire de son peuple, qui a fui le cruel roi Oro avec l'aide des crocodiles et du python. Quand le roi son père meurt, Tooksipa apprend que pour lui succéder, il doit sacrifier un albinos, ou à défaut son âne chéri. Mais Tooksipa est courageux et va implorer la pitié du Grand Python, qui sera miséricordieux.

L'album est splendide. Les illustrations mettent en scène des paysages austères mais somptueux et des personnages puissamment expressifs. Le texte, plus complexe que le résumé ci-dessus, est plein d'un souffle poétique entraînant, mais reste très structuré et accessible. Deux pages finales informent sur le peuple Gan et sur la visite de leur roi au Musée Barbier-Mueller en 2010.

Jean-Marie Hosatte, alias Abbadan, est un reporter et photographe français ; l’illustrateur suisse Helder Da Silva collabore souvent avec la Fondation culturelle Musée Barbier-Mueller. Cette fondation genevoise s'est donné pour mission de préserver la mémoire menacée de peuples sans écriture. Elle finance et édite des études de chercheurs et complète ce travail par la publication de livres destinés à rencontrer un public plus large : Tooksipa et le tabouret d'or est le premier titre d'une collection intitulée « Ethno-contes ». Il est tiré de l'ouvrage de Daniela Bognolo, Les Gan du Burkina Faso, publié par la Fondation en 2010. Il s'agit là non d'une transcription à l'identique d'un conte traditionnel, mais de son adaptation aux problématiques du monde contemporain, puisqu'on y rencontre le personnage de l'albinos et les persécutions dont il fait l'objet. Cet ajout est explicité dans la notice du livre sur le site de la Fondation. C'est tout à fait légitime : les contes, d'Afrique ou d'ailleurs, vivent dans le temps et l'espace en adoptant les idées des cultures où ils sont racontés, comme l'avait lumineusement démontré Denise Paulme dans La Mère dévorante. Mais il aurait peut-être été éclairant de le signaler dans l'album.

CR