La Merveille de Yenenga l’éternelle rebelle

Yenenga est la fille unique d’un grand roi. Elle s’échappera deux fois : d’abord de son destin déjà tracé de femme, en préférant les chevaux et la carrière des armes à la vie domestique ; ensuite de l’emprise de son père, dont l’admiration l’étouffe. De son amour avec un jeune chasseur en exil naîtra Ouédraogo (« cheval mâle »), qui fondera avec la bénédiction du père de Yenenga le royaume et le peuple Mossi. Marie-José Hourantier adapte ici le mythe fondateur du peuple Mossi, cavaliers d’Afrique de l’Ouest et ethnie majoritaire du Burkina Faso.

Spécialiste des littératures orales, elle fait le pari d’entremêler à une narration simple, un dispositif de mise en scène rituelle, en scandant les parties de son récit par le cri du griot : « Ya Mari Yo! ». De plus, elle traduit littéralement les noms propres pour leur donner tout leur sens : le cheval de Yenenga est ainsi le « cheval-énigme-d’hivernage ».

L’histoire s’accompagne de dessins en pleine page, colorés et vibrants d’énergie, qui s’accordent bien à l’épaisseur du récit. Annick Assémian, illustratrice et autrice de livres pour enfants, a peut-être cherché à créer « des moments de couleur », comme dit Marie-José Hourantier dans sa préface à propos de la geste de Yenenga. Ce livre, difficile d’accès demande au lecteur de chevaucher par-dessus les énigmes, comme la princesse de l’histoire, pour entrer dans ce mythe fascinant.