Poèmes à la c(r)oque
قصائد للطقطقة
Dans cette ode à la nourriture, Annie Agopian joue avec les mots, les sous-entendus, les clins d’œil linguistiques et les références culturelles. Ainsi, dans « Amour de carotte », elle fait allusion à la « cuisse rose », aux « dés bâtonnets julienne », évoque les bonshommes de neige… « Te voilà si aimable », écrit-elle. Dans « Comptine aux cinq vitamines », elle fait référence à la fameuse campagne française du Programme national nutrition santé, incitant à consommer cinq fruits et légumes par jour. Dans « Odeur pâtissière », elle mentionne la crêpe Suzette, le Paris-Brest, la tarte Tatin, la galette des Rois, le gâteau d’anniversaire… La traduction de ces poèmes pose donc un défi particulier. Ainsi, comment le traducteur a-t-il choisi de traiter les références, les jeux de mots et les clins d’œil linguistiques ? Et les noms des pâtisseries françaises ? En ce qui concerne les noms des pâtisseries, le choix a été fait de les transcrire en caractères arabes. Le lecteur est donc censé savoir ce que ces noms désignent, aucune explication n’étant proposée. Pour les clins d’œil, le traducteur fait le choix d’en proposer une traduction littérale. Difficile de savoir quelle interprétation en fait le lecteur…
Ces différents choix de traduction illustrent un point : cet ouvrage s’adresse à un lectorat bilingue familier de la culture française. Les poèmes en arabe s’appuient sur les poèmes en français qui en éclairent le sens. Alors que le texte en français est délicat, subtil, avec des touches d’humour, le texte en arabe est plus « terre à terre », moins léger. Il est vrai que ces poèmes ne sont pas les plus simples à traduire, mais on se surprend à imaginer une traduction plus libre, plus inspirée et imaginative…
HC