Nouveaux Contes d’Afrique centrale
Ces 81 contes ont été collectés au Cameroun, sous la direction de Jacques Hubert et Willy Bigone, et remis en forme après réappropriation par des élèves du secondaire. Si la tradition orale s’estompe en Afrique aussi, on constate que le patrimoine proprement africain s’est enrichi d’autres répertoires. À côté des contes traditionnels africains comme "La Panthèreet le Buffle", "La Cuillère cassée", "Les Enfants chassés" ou "Le Monstre" qui évoque la légende du Ouagadou Bida, on trouvera des contes issus du répertoire européen – "L’Enfant et son chaton" (Le Chat botté), "La Princesse Rose" (Persinette) ou "Cendrillo"n –, des fables d’Esope ("La Tortue et le perroquet") ou de la tradition arabe... Quelle que soit leur origine, ils sont adaptés au contexte. Ainsi, par exemple, Cendrillon porte des babouches ; dans "Le Diable trompé" qu’on retrouve dans les contes du Moyen Âge européen, le paysan cultive du maïs et des patates à la place du blé et des navets.
La deuxième partie de l’ouvrage – brève (seulement quatre pages) – est conçue comme un outil pédagogique : les auteurs décrivent les différents types de contes, reprenant de façon très (trop) succincte le travail réalisé par Françoise Tsoungui dans Clés pour le conte africain et créole (CILF/Edicef, 1986, collection Fleuve et Flamme).
Cet ouvrage est donc l’aboutissement d’un travail pédagogique dont le premier effet aura été de faire réfléchir des jeunes sur la perte de la tradition orale, sur le sens des contes et leur aura donné la possibilité de faire un travail d’appropriation et d’écriture. Celle-ci est enlevée et on lit ce livre avec plaisir. Les illustrations en noir et blanc de Sembongo Bolko Patrice ponctuent discrètement le recueil : motifs en frise pour séparer les contes et quelques vignettes pour aérer un ensemble assez compact.
Un recueil qui témoigne de la vie du conte : perte de la tradition d’un coté (certains contes ont perdu quelques épisodes), enrichissement de l’autre par des emprunts à d’autres cultures. Mais tous font l’objet d’une morale qui les inscrit bien dans la fonction éducative du conte en Afrique.
MPH