Barowal, le cheval sacré
Contes du Fouta-Djalon
O. A. Diallo, peul mauritanien, auteur également de Le Destin de Leldo Tara, prince peuhl du Fouta Damga, offre ici trois contes du Fouta-Djalon, le massif guinéen habité par les Peuls, comme le sont le Macina au Mali et le Toro en Sénégal et en Mauritanie – cf. explication en dernière page de l’ouvrage.
« Barowal, le cheval sacré » commence au marché de Tombouctou où se rend Mansira, le massakédu royaume bambara, très puissant, riche et autoritaire, dont les deux passions sont de fumer du tabac et de monter à cheval. Il y voit Barowal (« cheval de combat » en pulaar) et veut absolument l’acheter, mais son propriétaire, Diadié Poullo, l’éleveur peul digne et courageux, refuse… Il résistera à toutes les tentatives du roi et finira par tuer tous ses serviteurs, dont le griot Dembélé. Ainsi prend fin le royaume de Mansira sous les palmiers de Tombouctou…
« Ardou le prince et Salisou le forgeron » met en valeur la loyauté et l’amitié à travers les tumultueuses aventures de deux jeunes garçons, amis inséparables, nés le même jour. Ils se ressemblent tant que tous les considérent comme des jumeaux. Leur seule différence tient à leur rang social : Ardo est prince et Salifou, forgeron. Le roi, le plus cruel, le plus craint de tout le Fouta Djalon (on le nomme « Innetaake » qui signifie « on ne dit pas son nom »...), épouse la promise de Salifou et le capture quand il vient la voir la nuit. Par une astuce, Ardo parvient à sauver son ami Salifou de la mort. À son tour, Salifou fera de même et permettra à Ardou d’épouser sa bien-aimée.
« Dienaba et Madou » est l’histoire de deux jeunes qui se vouent un amour solide depuis leur enfance mais sont empêchés de se marier – dans cette version, par le père de Dieneba, chef du village, qui veut un homme riche pour sa fille – et en meurent : entre leurs tombes poussera l’arbre du paradis… L’auteur met en évidence les injustices, les inégalités sociales, la différence de classe, de rang et le mariage forcé qui sévissent encore dans la société africaine – mais ici, le père consulte la mère qui répond : «De nos jours, aucune fille ne voudrait être victime d’un mariage forcé »… C’est un récit plein de sagesse et de poésie, avec les chants de Madou, flûtiste ; on retient ainsi, par exemple, que « n’est pauvre que celui qui n’a pas de cœur », que « rien n’est éternel dans la vie », que « l’amour ne connaît pas la différence sociale pour distinguer les hommes ».
De très beaux contes, racontés efficacement dans ces versions riches en détails, que l’on lit avec délice. Il est grand dommage que l’édition présente des fautes de frappe – L’Harmattan permet la publication mais ne relit pas les épreuves…
Djénéba Sidibe et Viviana Quiñones