Èza ma poupée

Dès la couverture, les regards intenses d’une petite fille et de la poupée qu’elle tient dans ses bras attirent irrésistiblement... Par la grâce d’une poupée qui lui a été offerte, la jeune Bassa, tout juste arrivée au village, va déclencher chez chacune de ses petites camarades de jeux le désir intense d’en avoir une toute à soi. Et cette folle envie va inciter les parents à fabriquer une poupée pour leur enfant, chacun selon son imagination, son métier et ses moyens. Des parents à l’écoute et fort créatifs ! Un épi de maïs, une terre cuite, une effigie de chiffon, une marionnette, même un os de bœuf… tout fait l’affaire ! Chacune avec la certitude que sa poupée est vraiment la plus belle, les petites filles sont les plus fières du monde tant cette présence attachante à leur côté les comble. Pour Akuélé et sa poupée jumelle, c’est un peu particulier car celle-ci est une statuette sacrée, le double de sa petite sœur morte à la naissance… Sa présence de toujours à ses côtés, si naturelle, est pour elle chargée de vie.

À un sobre récit, fin, intelligent, touchant, évoquant aussi avec subtilité une pratique culturelle liée aux jumeaux profondément ancrée dans le golfe du Bénin, Hortense Mayaba apporte la grâce extrême d’illustrations dont l’apparente simplicité et cependant l’expressivité sont la marque : aplats de couleurs vives, plans rapprochés ou non, mise en valeur d’un objet ou d’un tissu. Son art marque de son esthétique si identifiable l’édition jeunesse avec de nombreux albums à succès, notamment chez Ruisseaux d’Afrique. Un album délicieux.