Grand-Père, parle-nous du peuple Koongo
Ce documentaire, au format d’un roman, s’inscrit pleinement dans une lignée essentielle de la littérature africaine de jeunesse que traite le dossier « Patrimoine et transmission » de Takam Tikou. Le souci est manifeste d’informer « du grand peuple Koongo », de ses coutumes et de ses traditions, qui sont « en train de se désagréger ». Ainsi le formule l’auteur, dans la préface, qui pense d’abord à ses petits-enfants « hybrides » vivant en Europe ou aux États-Unis, mais qui souhaite aussi « aider au dialogue, la tolérance et l’union des Bakongos d’Angola, du Congo-Brazzaville, de la République Démocratique du Congo, du Gabon, de Guadeloupe, de Martinique, de Cuba et d’autres pays d’Amérique du Sud », tout en prônant aussi les unités nationales au-delà des origines et des coutumes de chacun.
Dieudonné Antoine-Ganga, un Mukoongo (une personne du peuple Koongo), né à Brazzaville, est un ancien ministre et ambassadeur du Congo. Il se pose ici en grand-père, comme le montre l’illustration de couverture, assis dans un fauteuil avec un petit garçon sur les genoux, entouré d’autres enfants assis par terre auxquels il lit un livre. Mais l’ouvrage s’adresse en fait aux adolescents et aux adultes. Il offre un condensé de la culture koongo : les origines, l’histoire, les traditions, les rites, le quotidien (le marché, la monnaie, les instruments de musique…), la sagesse exprimée par les proverbes, les clans et les patronymes…
La forme adoptée est celle des questions–réponses s’apparentant à une conversation : un procédé bien artificiel mais qui permet parfois la confrontation avec des visions extérieures aux Koongo ; en revanche, il ne permet pas de trouver facilement l’information. Les annexes, nombreuses, incluent des proverbes en koongo avec traduction et interprétation ; elles sont suivies de la bibliographie.
Les informations sont assorties d’une vision, d’interprétations et d’opinions avec lesquelles on peut être d’accord ou non mais qui sont intéressantes ; ainsi, le « martyre » souffert par les veuves est décrit et combattu avec une argumentation issue d’un regard chrétien, et le sens de l’« animisme » est expliqué…
Pour une approche de la culture koongo par le biais de la fiction, rappelons les romans pour la jeunesse de Guy Menga, l’« aîné mukoongo », qui préface l’ouvrage : L’Affaire du silure (1981) et Les Gens du fleuve (1992), à grande valeur documentaire (chez Edicef, disponibles en format Kindle) et ses romans « pour tous » autour du personnage Moni Mambou (Moni Mambou : Retrouvailles est disponible chez Sépia). (VQ et ST)
Viviana Quiñones et Sarah Tournerie