Histoires de vent et de sable
contes touaregs
Voici un recueil de vingt-cinq contes collectés dans la région de Tamanrasset en Algérie. Les histoires d’animaux où chacal et lion rivalisent pour dominer l’autre, tels renard et loup, lièvre et hyène... alternent avec des histoires de bêtise ou de sagesse. Elles sont racontées de façon enjouée par une journaliste à la plume alerte. Mais la personnalité de l’auteur écrase celle des conteurs mentionnés à la fin de chaque texte. Et, face à certaines constructions du récit, il est difficile de savoir si c’est le conteur qui a eu des trous de mémoire ou si ce sont des effets de style de la narratrice. D’une façon générale, elle a l’art d’évacuer le suspens en annonçant la chute, quand elle ne laisse pas passer des incohérences, comme une brebis (sic) mettant bas un chevreau et une chevrette, qui nous font douter de la logique du conte.
Le recueil commence par le conte que Hammed Bouzzine raconte dans Fragment d’épopée touareg. Mais ni la construction ni le rythme ne soutiennent la comparaison. Peut-être l’auteur n’a t-elle recueilli que des fragments de contes et n’a-t-elle pas pu les reconstituer ? On se heurte là à un des problèmes propres à la transmission des contes. Faut-il les restituer dans la forme reçue lors de la collecte ? Faut-il reconstituer le conte à partir d’un ensemble de versions, connues par ailleurs ? Faut-il rendre sa logique au conte quand elle semble perdue ?
Les illustrations en noir et blanc ponctuent le texte avec humour. Certaines sont soulignées par une légende dans une typographie différente du texte, reprenant une phrase du conte. La numérotation des pages s’inscrit dans un motif rappelant un tapis, tandis que, sur le haut de page, court en motif le dessin qui ouvre le conte comme une lettrine. L’ensemble haut de page, pied de page, illustrations et légendes donnent parfois un effet de saturation qui nuit à la lecture. Néanmoins, comme le texte est vivant, il se lit facilement.
Marie-Paule Huet