Le Garçon qui mouillait les poules
Celui qui mouille les poules - drôle d’idée s’interroge le lecteur au vu du titre - c’est Diidi, né le jour où la rivière, celle qui prenait sa source dans une marmite enfouie dans la terre, était sortie de son lit. C’est pourquoi il est sous la protection du génie de l’eau, clame sa mère à qui veut l’entendre. L’enfant grandit à ses côtés, ne la quitte pas d’une semelle, fait tout comme elle, tout : se laver à la rivière, jouer, porter sur la tête la calebasse d’eau. Quolibets et phrases en dessous des copains commencent à pleuvoir sur cet enfant vraiment trop collé à sa mère. Mais il a son secret. Il s’isole loin d’eux, grimpe sur le néré et arrose de l’eau de sa calebasse les poules affolées. Un jour, plus d’eau dans la calebasse, alors il fait pipi sur les poules, bientôt imité par une meute de petits singes…
L’histoire dont on retient d’abord le côté drolatique, entraîne pourtant sur plusieurs pistes sensibles : l’enfant différent que rejette la société, la coalition enfantine, l’attachement à la mère et le détachement, la force de l’imaginaire qui sauve et permet de devenir un adulte curieux du monde. On doit l’album, paru en 2001 et réédité par Ganndal, au même trio d’auteurs que La Fille de l’eau qui ont associé leur talent à différentes reprises avec réussite. Un texte assez « écrit » où l’humour, le symbolique ont leur rôle à jouer. Il est porté par le talent de Florence Koenig avec ces papiers découpés où dominent le rouge et le noir. Une très heureuse réussite graphique.
ML