Olessongo, l'enfant sorcier du Congo
Parce qu’ils sont différents (handicapés, trop grands, albinos…) ou sans « raison »apparente, dans de nombreux pays d’Afrique des enfants sont déclarés « sorciers »et chassés de la maison ou martyrisés – comment le montrent des livres tels L’Enfant sorcier et Solane, l’enfant sorcier. Cette pratique s’est accrue dans les dernières années en ville, en particulier dans les deux Congo : des églises évangélistes convainquent les parents de la sorcellerie de leurs enfants (et vendent des traitements de « désenvoûtement »...) Ce « rôle »des pasteurs est central dans ce roman dont l’action se situe dans un village et une ville (Oyo) 400 km au nord de Brazzaville. Olessongo, 9 ans, est né avec un bec-de lièvre, c’est pourquoi il a failli être tué par son propre père et que sa famille a fui Brazzaville. Olessongo, habitué aux moquêries, vit tranquille au village. Mais quand du bétail et des volailles sont trouvés décapités dans la forêt, le pasteur accuse Olessongo. Sa mère l’aide à s’enfuir, avec sa grande sœur ; il réussit à échapper à la persécution grâce à l’aide d’un génie de la forêt, et les vrais coupables sont trouvés. Le pasteur quitte le village… Avec un ton enjoué et sans aucun pathos, la narration (par Olessongo à la 1ère personne) coule très bien ; elle intègre agréablement des descriptions de la vie quotidienne, d’éléments de l’histoire et de folklore mbochi, et des expressions, comptines et chants dans cette langue. Un bon petit roman salutaire sur une question d’actualité très grave. La liste que dresse le pasteur de tout ce qui rend un enfant sorcier est proprement ahurissante. Comme dit Olessongo, « le Congolais a tendance à expliquer tout ce qu’il ne comprend pas par la sorcellerie »…
VQ