Soundiata Keïta : le fils prodige du Mandé

Langue : français Auteur : Aboubacar Eros Sissoko Lieu d'édition : Paris (France) Baguinéda (Mali) Éditeur : L'Harmattan,  Les Éditions du Mandé Année d'édition : 2011 Collection : Jeunesse Nombre de pages : 62 p. Illustration : N/A Format : 22 x 14 cm ISBN : 978-2-296-56439-8 Âge de lecture : À partir de 12 ans Prix : 10 €
dessin de guerrier su fond jaune, entouré de frises

Une nouvelle présentation de l'histoire de Soundiata. Dans sa préface, Yéra Dembélé attire l’attention sur l'élément qui fonde cette nouvelle publication autour d'un mythe parfaitement connu au Mali : la nécessité de conserver des traces écrites pour les générations à venir qui font plus confiance à l'écrit qu'à la source orale. C'est donc un livre qui se veut didactique et « désire donner le goût de la lecture et de la découverte du Mali d'hier ».

Le point de vue de l'auteur est original : au lieu de commencer son récit par la naissance fabuleuse de Soundiata, il l'ouvre sur Soumangourou Kanté le roi sorcier, le roi forgeron, doté de mille dons, roi du Sosso qui mit le Manding à feu et à sang après l'éclatement de l'empire de Ghana. Viennent ensuite la naissance et la guérison de Soundiata puis l'exil à la mort du père et le retour pour libérer le Manding. L'auteur s'attarde sur le secret de l'invulnérabilité du roi du Sosso, révélé par son neveu (même s'il mentionne aussi la tradition qui donne ce rôle à la sœur de Soundiata, épouse de Soumangourou) et sa mystérieuse disparition dans les collines de Koulikoro à la fin de la bataille de Kirina. Ce que l'auteur se proposait d'éclaircir reste mystérieux. On ne sait toujours pas comment est mort réellement Soumangourou, ni qui a réellement livré son secret !

Ce texte pas très long, écrit en gros caractères, se lit facilement. De temps en temps à l'occasion de chants, on retrouve le souffle des griots. Mais les références à différentes versions produisent une certaine confusion. L'approche étant originale, on aurait aimé que l'auteur cite ses sources, orales ou écrites. Les récits relatant la vie de Soundiata sont en effet nombreux, issus de différentes régions du Manding et offrant chacun un regard un peu différent sur le mythe. Citons pour mémoire Soundiata ou l’épopée mandingue de D.T. Niane (Présence africaine) recueillie auprès de Mamadou Kouyaté pour la région de Siguiri ; La Grande geste du Mali, transcription commentée du récit de Wâ Kamissoko par Youssouf Tata Cissé (Karthala) pour la région de Kirina ; L'Aigle et l'épervier ou la geste de Sunjata (P.J. Oswald) ou Le Lion à l'arc (Hatier) de Massa Makan Diabaté qui recueille le récit auprès de son oncle Kélé Manson Diabaté dans la région de Kita. Enfin, dans Le Maître de la Parole (Pocket), Camara Laye tire son récit du témoignage du griot traditionnaliste Babou Condé.

En littérature de jeunesse, on peut lui préférer, pour le texte, la version plus longue de Lilian Kesteloot Soundiata l’enfant-lion (Casterman) qui puise à plusieurs sources, L’Épopée de Soundjata (Donniya) pour les illustrations de Svetlana Amegankpoé et la version très originale tant dans les illustrations que par la narration de Dialiba Konaté, L’Épopée de Soundiata Keïta (Seuil). Mais ce texte peut donner l’occasion de se plonger avec bonheur dans les grands textes mentionnés ci-dessus, et s'il éveille ainsi la curiosité des lecteurs, l'auteur aura atteint son but.

L’ouvrage a reçu le Prix du livre jeunesse lors de la 3ème édition de la « Rentrée littéraire du Mali » en février 2012. L’auteur a publié une dizaine de titres dont deux pour les jeunes : Sadio et Maliba l’hippopotame : Légende du Mali et La Mort de Maliba l’hippopotame aux temps des colonies.

Marie-Paule Huet