Une merveilleuse grand-mère
C'est la chronique de la vie d’un jeune orphelin, en compagnie de sa grand-mère qui l’a adopté. L’affection est forte entre les deux et s’exprime de façon pudique. On sent toute l’admiration et la tendresse de l’enfant pour la vieille femme qui l’aime et lui apprend à grandir à ses côtés, et son rêve de pouvoir enfin la prendre en charge à son tour. La vie à la campagne n’est pas facile. Il y a peu de place pour les jeux et les distractions. Et si l’enfant proteste parfois quand le rythme de la grand-mère ne lui laisse aucun répit, il comprend aussi comme une évidence qu’il faut finir les tâches de la journée. Les émotions passent, comme dans cette page où l’enfant évoque la mort de ses parents à l’occasion de la traversée de la rivière en pirogue : « Chaque fois que nous la traversons, mon cœur cesse de battre. Mes parents s’y sont noyés. J’ai tellement peur de l’eau que je n’arrive pas à apprendre à nager ». Ces évènements passés ont laissé des souvenirs indélébiles mais on passe à autre chose sans s’appesantir et au fil des pages, l’enfant grandit. On découvre, aussi bien dans le texte que dans les illustrations, mille informations sur la vie quotidienne : la façon de conserver l’eau fraîche, de nouer les bâtons de manioc, de soigner une plaie ou une piqûre de guêpe, l’agriculture, la chasse des enfants au lance-pierres, la cuisine, la vie sociale et l’entraide entre générations. Les illustrations sont vivantes, très narratives et campent un beau décor à la relation entre la grand-mère et son petit-fils : large panorama pour la rivière, profondeur et luxuriance de la forêt, intimité de la case. Il y a une grande harmonie entre le texte et l’image, même si l’illustrateur a pris quelques libertés avec la narration. L’écriture est simple et la langue accessible. Un bon texte pour ceux qui commencent à se débrouiller en lecture et une réédition bienvenue. En 4ème de couverture, l’illustratrice formatrice Marie Wabbes rappelle la naissance d'Aile Cameroun (Association d’auteurs-illustrateurs) en 1994, suivie en 1995 de la maison d'édition Akoma Mba, créée pour publier les premiers albums sortis de leurs ateliers. Elle souligne l'enthousiasme créatif des débuts et l'intérêt toujours actuel de ces livres : "ils font passer des messages positifs qui (…) aident [les enfants] à grandir".
MPH