Une voix dans la nuit
À Douala, lorsque Seppa, Monique et Titti apprennent qu’ils vont passer leurs vacances au village pour la deuxième fois de l’année, ils sont enchantés : ils vont retrouver leur cousin Bassi et ses camarades plus tôt que prévu. Mais un mystère plane : les citadins, comme le villageois, ont entendu les adultes de la famille prononcer à plusieurs reprises le terme « Ndjé ». Aucun des enfants n’en connaît la signification ; pourtant, tous ont compris que c’est une affaire sérieuse puisqu’elle concerne l’oncle Kollo, décédé depuis peu. Avec les amis de Bassi, les jeunes vont se transformer en détectives, notamment en suivant leur aîné, Paul, étrangement le seul à pouvoir participer aux réunions des adultes. On se laisse emporter avec plaisir à la suite de ces enquêteurs en herbe pour percer l’énigme de cette cérémonie Ndjé dont le but sera de faire apparaître le vieux Kollo…
La chute paraît un peu brutale au premier abord, comme si l’histoire n’était pas terminée. On peut cependant l’envisager comme une fin qui permet de ne pas aller à l’encontre de la confidentialité entourant certains pans de la tradition. Ainsi, le cousin Paul, réquisitionné dans le cadre de son initiation pour prêter sa voix au défunt durant le Ndjé, ne s’explique pas, lui non plus, l’étrange apparition de Kollo, comme si on ne lui avait pas révélé toutes les étapes de son apprentissage. Le message de Marie Angèle Kingué est clair : « même si les hommes [peuvent] marcher sur la lune, on ne [doit] pas oublier les coutumes », sans pour autant en révéler tous les secrets !
Paru en 1998 chez Hurtubise à Montréal, ce petit récit bien mené est repris dans Buzz, « la collection africaine de romans jeunesse » d’Édicef (pour une présentation de la collection, voir Le Bonnet du sorcier)), avec des illustrations qui semblent trop enfantines pour le texte, et dépouillé du dossier éclairant qui expliquait les liens de parenté et apportait un entretien avec l’auteur. L’éditeur propose en revanche une fiche pédagogique sur internet, qui ne propose guère que des questions de compréhension.
FC