Atriékokroka le crâne tisserand
La nouvelle maison d’édition ivoirienne Africa Reflets propose, outre la collection d’albums Ahoutou (voir plus haut), la collection Africonte de contes et légendes des divers peuples présents en Côte-d’Ivoire. Petit format, 60 pages, illustrations en couleur, la collection est dirigée par un spécialiste, enseignant -chercheur à la faculté de Lettres Modernes de l’Université Félix Houphouet-Boigny de Cocody. L'appareil d'accompagnement est soigné : présentation de l'auteur, mention du lieu d'origine du conte avec une carte, notes de bas de page pour les mots en langue d'origine. Dans l’avant-propos, Ogoté, l’esprit des contes, présente les grandes lignes du récit à venir (et en fin de volume, annonce le titre suivant !). Les contes sont efficacement racontés, dans une langue riche, incluant donc des mots dans les langues d’origine. Quelques notes explicatives sont proposées en pied de page.
Il s’agit, dans ce volume, du peuple agni, qui fait partie du groupe Akan et vit dans le centre-est du pays. L’histoire commence quand les Agni, en fuite, trouvent une terre arable et riche en gibier et s’y installent, formant le Nouveau village, grâce à Sonan et à Konian. Sonan l’intrépide n’hésite pas à pénétrer dans la forêt avoisinante pour y couper du bois, permettant à chacun de construire sa case. Konian, quant à lui fin chasseur, met les villageois à l’abri de la faim. Cependant, les polémiques autour de Sonan et Konian vont bon train et finissent par créer le désordre social, entrainant une guerre tribale et la mort du chef du village. Face à ce drame, les esprits se ressaisissent : un chef, Assoumou, est intronisé et une nouvelle organisation sociale se met en place. Mais, dans les tréfonds de la forêt, vit un crâne millénaire, Atriékokroka, que tous ces bruits ont fortement dérangé. Quant à Konian, empreint de jalousie maladive, il ne cherche qu’un prétexte pour semer la zizanie. Poussant toujours plus loin dans la forêt, il finit ainsi par découvrir l’existence d’Atriékokroka et de son secret : le crâne installé sur un métier à tisser, par son seul chant, confectionne un pagne. Konian décide alors d’emporter le crâne au village en s’attribuant cette découverte merveilleuse. Mais la vengeance du crâne tisserand ne se fera pas attendre...L’histoire, très bien conçue, se lit avec facilité, les nombreux rebondissements apportant du piment au récit, jusqu’à la morale finale : « il faut tourner sa langue sept fois dans sa bouche, avant de parler ».
MD et VQ