Héroïnes africaines

Volume 1 : Aline Sitoé Diatta – Anne Zingha – Lalla Fatma N’Soumer. Volume 2 : Yaa Asantiwa – Sarraounia – Ndabaga

Langue : français Auteur : Lucie Hubert Illustrateur : Estelle Vincent Lieu d'édition : L’Haÿ-les-Roses (France) Éditeur : Monde Global Année d'édition : 2012 Collection : Héroïnes d’Afrique et d’ailleurs Nombre de pages : 42 p. et 48 p. Illustration : Couleur Format : 19 x 23 cm ISBN : 979-10-90854-048 et 979-10-90854-055 Âge de lecture : À partir de 11 ans Prix : 15 € chacun
visages de trois femmes, paysage en arrière plan

Dans l’histoire du continent africain, très souvent, les femmes sont oubliées… et pourtant elles ont joué et jouent encore aujourd’hui un rôle déterminant dans la vie de ce continent. Ce sont quelques-unes de ces femmes que Lucie Hubert propose de nous faire découvrir à travers leurs portraits. Le texte est conséquent (complété de glossaires et de bibliographies) mais ses phrases courtes et ses mots bien choisis le rendent accessibles ; les nombreuses illustrations, souvent pleine page, et la maquette soignée dans un format à l’italienne contribuent à rendre ces deux volumes très agréables à découvrir et à regarder.

Dans le premier volume, trois histoires nous sont racontées. La première nous parle d’Aline Sitoé Diatta (1920-1944) qui fut l’une des premières résistantes casamançaises contre la domination française. Elle a notamment incité son peuple à ne pas participer à la seconde guerre mondiale. Elle n’a que 24 ans quand elle meurt en prison en 1944. Aujourd’hui, un quartier de Dakar porte son nom.

La seconde est celle de l’Angolaise Anne Zingha (1564-1664) qui a eu, au contraire, une très longue vie puisqu’elle est morte à l’âge de 81 ans. Elle devient Reine de Matamba, alors qu’elle a quarante ans et va lutter sans fatigue contre les envahisseurs portugais pendant près de trente ans ! La paix sera enfin signée après que l’Angola a accepté de se reconnaître catholique et que le Portugal a accepté de ne pas recevoir d’impôt de cette colonie… Aujourd’hui, le nom de la Reine Zingha est connue de tous les Angolais et une rue de la capitale Luanda porte son nom.

Le troisième portrait nous entraîne au nord de l’Afrique, en Kabylie, avec Lalla Fatma N’Soumer (1830-1863). Là encore, cette histoire nous parle de résistance face à la colonisation française. Lalla se fait connaître en Kabylie grâce à sa victoire avec sa troupe de femmes qui fait fuir l’armée ennemie… elle n’a que vingt-quatre ans ! Malheureusement, Randon, devenu Maréchal de France, lève une armée de 45 000 hommes pour « pacifier la Kabylie »… Lalla est faite prisonnière et meurt en prison. Elle a trente-trois ans.

Le second volume trace le portrait de trois femmes qui, elles aussi, ont été des résistantes : contre la colonisation anglaise, française, contre l’invasion d’autres populations.

Le premier portrait est celui d’Yaa Asantiwa (1840-1921) du royaume Ashanti (actuel Ghana), convoité par les Anglais à cause de leurs mines d’or. Elle est une femme déjà âgée quand elle prend la tête d’une armée pour demander le départ des Anglais en faisant le siège de Kumasi où ceux-ci se sont réfugiés. Le siège durera deux mois. Les Anglais envoient une armée de 1 400 hommes pour venir à bout de la rébellion. Yaa Asantiwa sera faite prisonnière et déportée aux Seychelles où elle mourra. Elle ne saura jamais que, grâce à elle, les Anglais respecteront davantage les Ashanti…

Sarraounia (Niger, XIXe siècle) est le second portrait présenté. Elle est confiée dès sa naissance à un ami d’enfance de son père, un homme âgé et un sage, qui lui apprend la chasse, la pêche, les plantes, la fabrication de remèdes, et plus tard, le maniement des armes. Le peuple Azna, dont est issue Sarraounia, est un peuple pacifique, qui doit résister contre les razzias de l’Empire du Sokoto qui veut, à la fois, les coloniser et les islamiser. C’est le premier combat de Sarraounia, elle n’a que vingt ans. À la mort de son père, Sarraounia devient la Reine des Aznas. Elle fait bâtir un palais et monter des murs autour de la ville de Lougou où elle demeure. Le deuxième combat qu’elle va avoir à mener s’avère beaucoup plus difficile, car il s’agit de résister à l’invasion des Français et à la colonne Voulet-Chanoine, qui, tout au long de sa route, massacre les populations et brûle les villages. Afin de prendre leur revanche, les Foulanis de Sokoto pactisent avec les Français… La résistance commence, mais le combat est inégal… Sarraounia et son peuple fuient et se cachent dans la forêt. Les nombreuses exactions commises par Voulet-Chanoine vont provoquer la colère de la France qui va tout mettre en œuvre pour les stopper. Quant à la Reine Sarraounia, plus personne ne la reverra jamais… Mais son souvenir reste encore très vivace au Niger.

Le dernier portrait proposé est celui de la Rwandaise Ndabaga. Au XVIIe siècle, la province de Bwishaza est en guerre contre le Royaume d’Ankolé. Le Mwami du Rwanda décide que tous les hommes valides doivent partir en guerre et rester jusqu’à se faire remplacer par leurs fils. Mais le père de Ndabaga, lui, n’a qu’une fille qui naît au moment où il part à la guerre… Une fois adulte, Ndabaga décide de prendre sa place… Elle s’entraîne, serre ses seins dans du tissu, pour qu’on ne la reconnaisse pas, et cela fonctionne… Son père peut enfin rentrer au village s’occuper de ses champs. Mais, un jour, des soldats ont des doutes et découvrent son identité. Le roi la convoque et lutte avec elle pour essayer de la confondre. Mais avec sa vaillance et son courage, le roi n’arrive pas à la vaincre. Finalement, le roi lui fait avouer qu’elle est une fille. Il est tellement impressionné par l’attitude de Ngabaga qu’il décide que la guerre a assez duré…

Toutes les femmes présentées dans ces deux ouvrages sont des guerrières, des femmes qui ont combattu pour la liberté ; l’histoire de l’Afrique est remplie de ces héroïnes qui, des siècles plus tard, sont toujours présentes dans l’imaginaire collectif.

Nadine Monchau