[Al-Khaldiya]
الخالدية
Salem est un fonctionnaire qui connaît parfaitement les rouages de l’administration égyptienne. Au fil des jours, un plan diabolique pour détourner de l’argent public prend forme dans son esprit : il va créer de toutes pièces, dans les archives administratives, une ville entière, Al-Khaldiya – qu’il situe dans le Delta du Nil – afin de se faire verser les salaires des fonctionnaires de police chargés d’y faire régner « l’ordre » face aux multiples menaces qui la guettent : terrorisme, communisme, islamisme, syndicalisme… Ses nuits se passent à rédiger des rapports sans fin pour abuser ses supérieurs, et afin de mieux visualiser la configuration de la ville, il en construit un modèle réduit avec de l'argile dans son propre appartement. La ville commence à occuper de plus en plus de place dans son esprit et il perd peu à peu le sens des réalités.
Les belles planches sépia ou ocre - selon qu’il s’agit des scènes se déroulant dans la vie réelle ou dans la cité imaginaire d’Al-Khaldiya– rendent bien le caractère onirique et étouffant de cet univers qui finira par engloutir Salem.
Dénonciation à peine voilée du régime de Mubarak et de la corruption qui le gangrène, ce roman graphique est l’adaptation du roman éponyme de l’écrivain égyptien Mohammed El Bisatie paru en 2004. D’abord publié en néerlandais en 2011, à la veille du soulèvement de la place Tahrir, il a été traduit dans de nombreuses langues, dont le français sous le titre Cité d’argile. Enfin, une traduction en arabe dialectal égyptien est publiée par les éditions NOOL Books, jeune maison d’édition créée en 2018 à Paris, qui veut publier des bandes dessinées et des mangas en arabe, qu’elles soient créées ou traduites dans cette langue, et contribuer à ce que ce genre soit de plus en plus présent sur le marché du livre arabe.
MW