Raconte-moi Chqara et la musique andalouse
Cet ouvrage présente la musique andalouse à travers le récit de la vie du musicien marocain Abdessamek Chqara, véritable icône de la vie musicale au Maroc. Baignant depuis l’enfance dans une ambiance familiale et sociale marquée par la spiritualité soufie, la poésie et la musique, il se familiarise très tôt avec les samaa, concerts religieux, et avec la musique profane arabo-andalouse. Participant dès l’adolescence à des soirées musicales et à des célébrations religieuses, il chante, joue du luth, puis devient un violoniste hors pair. Il exercera comme musicien, puis comme professeur au conservatoire de Tétouan, approfondissant sa connaissance de la musique andalouse marocaine, et contribuant à la sauvegarde de ce patrimoine. Il s’intéressera parallèlement à la musique traditionnelle des montagnes de la région de Tétouan, musique qui lui inspire plus de cinquante chansons que les Marocains fredonnent encore.
Le récit de la vie d’Abdessadek Chqara, fait à la première personne, rend bien compte de l’atmosphère dans laquelle l’enfance et l’adolescence du musicien se sont déroulées. Il est assez bien mené, même si le ton en est un peu guindé. Les illustrations en couleurs, mêlées au corps du texte ou en pleine page, renforcent l’idée d’une ambiance « hors du temps ». Chaque double page de ce récit fictionnel est encadrée d’une bordure bleu foncé. On peut regretter quelques fautes d’orthographe et des tournures maladroites qui ne simplifient pas la lecture.
Les doubles pages à caractère documentaire qui s’intercalent entre différentes étapes du récit, reprenant des thèmes abordés par le narrateur, tels la nouba andalouse ou l’histoire de l’Andalousie arabe, sont marquées par des frises horizontales. Certaines informations, ainsi que des définitions de termes religieux, poétiques ou musicaux, figurent dans des encadrés sur fond jaune pâle. Mais ce système de repérage, pour esthétique qu’il soit, ne fonctionne pas vraiment, et l’on peine à voir l’organisation de l’ouvrage, qui ne ressort pas non plus clairement du sommaire. Les informations sont dispersées et manquent parfois de clarté ou d’approfondissement. Il aurait été peut-être bienvenu de regrouper toutes les informations documentaires dans un dossier, complété par une brève présentation des instruments traditionnels de la musique andalouse (qui fait ici défaut) et par un glossaire des termes religieux, poétiques et musicaux. Un CD d’extraits musicaux accompagnant le livre aurait été tout indiqué.
Néanmoins, ce livre cartonné est plaisant à l’œil, et il a le mérite d’aborder un thème quasiment absent de la littérature de jeunesse ; une initiative à saluer.
LV