Suivre Noémie à la découverte des Antilles. Interview de Jade Amory
Pour les plus petits, il est important de pouvoir s’identifier pour se sentir rassurés, c’est le cas avec la petite Noémie. Jade Amory a créé cette petite héroïne qui permet aux enfants de se projeter à sa suite dans la découverte de la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane.
Bonjour, Jade. Vous êtes l’autrice d’une série pour la jeunesse avec une petite héroïne, Noémie. Comment êtes-vous venue à la littérature de jeunesse ?
Je suis originaire de Martinique, ma mère est guadeloupéenne et mon père martiniquais. Mon enfance s’est partagée entre les deux îles. Je suis partie faire des études à Paris pour étudier le cinéma d’animation car j’adore les films pour enfants. Après six ans d’études, j’ai rejoint le studio d’animation Illumination Mac Guf, producteur de dessins animés comme Moi, moche et méchant, Comme des bêtes, et le dernier en date Migration. Dans les films, je suis décoratrice en 3D, c’est-à-dire que je complète le décor pour qu’il ait l’air plus vivant en ajoutant des objets de la vie quotidienne. Dans ce domaine, j’utilise des décors 3D déjà créés pour les organiser et les agencer plan par plan. C’est un processus qui demande de la patience et de la créativité mais où l’aspect création d’histoire me manque un peu. J’ai alors utilisé mon temps libre après le travail pour développer cet autre besoin créatif.
J’ai démarré avec des illustrations et l’écriture est arrivée après. J’ai commencé par dessiner Noémie sans texte, puis j’ai écrit des histoires.
Pourquoi une petite fille comme héroïne ? Pourquoi s’appelle-t-elle Noémie ?
Dès le départ, je voulais que Noémie soit l’héroïne d’une série, un peu comme la série des Martine de Gilbert Delahaye. Mon idée était que ce personnage visite plusieurs lieux, découvre nos traditions, nos lieux, notre façon de vivre. Pendant cette période de réflexion, il y a eu la naissance d’une petite cousine, qui s’est appelée Noémie, le prénom était tout trouvé. Sa grande sœur, Clara, m’a inspiré les dessins.
Pour créer ces histoires, je me base sur mes propres souvenirs d’enfance donc naturellement Noémie est une fillette, comme moi. Aujourd’hui, les parents réclament d’autres histoires avec un petit garçon comme héros, mais ma première idée était un personnage qui ressente ce que j’ai ressenti enfant. Elle est un mélange de moi, ma petite cousine et sa sœur.
Avez-vous gardé en mémoire des héroïnes de vos lectures d’enfance ?
Très peu. À l’école, on nous enseignait l’histoire, la géographie et les traditions de la France hexagonale, mais très peu de choses sur la Martinique. Ma mère compensait de son côté en nous entourant de livres et plus largement de culture antillaise ; elle s’occupait de cette partie-là. La présence des deux îles dans mon enfance m’a donné envie de créer une série dans les Antilles.
Dans mes lectures, il y avait les aventures de Choubouloute1, une héroïne des Antilles qui allait au marché, à la plage… on pouvait s’identifier à elle. Mes livres préférés mettaient en scène des animaux.
Ce que vit Noémie pourrait être vécu par un petit garçon. Dans les différents titres, elle est entourée par ses parents mais aussi : tonton, tatie, cousins et cousines.
Comment Noémie a-t-elle grandi depuis vos débuts en 2022 ?
Pour le premier, j’avais d’abord dessiné le personnage et je n’ai écrit l’histoire qu’ensuite. Maintenant, je choisis un sujet en premier, puis je fais des recherches dans mes albums photos d’enfant et d’autres documents. Je construis un chemin de fer avec le déroulement de l’histoire et je prépare les illustrations, uniquement numériques.
Aujourd’hui, il y a douze titres parus dans plusieurs collections. Une première collection de découverte des îles a parcouru la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane. Avec une collection d’imagiers, j’ai fait découvrir les fleurs, les fruits et les légumes des Antilles. Ces deux séries ont une vocation un peu éducative ; les traditions sont importantes et il ne faut pas les perdre. La dernière série propose des coloriages. Je publie 4 à 5 titres par an. Les prochains titres parleront davantage de traditions, de fêtes. On fête Noël ou Pâques très différemment aux Antilles. Pour Pâques, par exemple, on mange du crabe sur la plage et non des chocolats achetés dans le commerce.
Avez-vous des retours sur votre série ?
Oui, dans les salons, avec les dédicaces. Au départ, ce n’étaient que des retours des parents, qui sont à l’origine des achats : les enfants lisent ce que les parents, les enseignants leur transmettent. Les parents ont peut-être eu les mêmes manques que moi, enfant, concernant les traditions antillaises notamment, ils comprennent ma démarche. Mais maintenant j’ai des enfants qui réclament eux-mêmes des Noémie. La série Noémie m’a donné envie de continuer dans ce domaine passionnant. J’aimerais illustrer des textes d’auteurs, en jeunesse surtout.
Notes et références
Pour aller plus loin
Je m’appelle Jade Amory. Je suis martiniquaise, j’ai 29 ans et je travaille dans le domaine du cinéma d’animation dans le studio créateur de Moi, moche et méchant et de Mario. Passionnée par les albums de mon enfance, j’utilise mon temps libre afin de promouvoir positivement la richesse de la Caraïbe grâce à mes illustrations. Depuis deux ans, j’ai publié aux côtés de Caraïbéditions une vingtaine d’albums de jeunesse comme par exemple la collection Noémie. Noémie est une petite antillaise pleine de vie qui adore voyager et parcourir de nouveaux lieux à travers la Caraïbe. Les enfants peuvent ainsi découvrir ou redécouvrir avec elle notre merveilleux patrimoine… Noémie a déjà beaucoup bougé : elle est allée en Martinique, en Guadeloupe et dernièrement elle a fait escale à Cayenne, en Guyane. J’ai également créé une collection d’albums de type imagiers afin de permettre aux enfants d’apprendre les fruits, les fleurs et les animaux de leur pays, ainsi que des cahiers de coloriage.
Les livres de Jade Amory présentés dans Takam Tikou en ligne.
Livres de Jade Amory dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France.