Le Puits magique
البير السحري
Un homme travaille très dur pour nourrir sa famille. Par un jour de très grande chaleur, il interrompt sa tâche un instant, s'assied auprès du puits pour manger quelques figues. Mais l'une d'ellestombe dans le puits. « Eh puits ! Rends-moi ma figue ! » s'exclame l'homme... Alors un djinn sort du puits, et à la place de la figue, qu'il a mangée, lui remet une coupe magique qui lui fournira tout ce qu'il demandera. Ainsi commence ce conte tunisien dont nous suivrons les différents épisodes : une voisine curieuse et malveillante réussit à s'emparer successivement de la coupe magique, ce qui prive notre héros d'une aisance toute nouvelle, puis du second objet magique remis par le djinn (un âne qui donne des pièces d'or), enfin du troisième objet magique, un gourdin. Ce gourdin rosse sévèrement la voisine malhonnête qui l'a dérobé, ce qui l'oblige à restituer et la coupe et l'âne. Tout est bien qui finit bien, puisque l'homme, au cœur généreux, pardonne à la voisine, et qu'il partagera par la suite avec tout le village ce qu'il obtient grâce à la coupe, à l'âne, et au gourdin.
Ce récit traditionnel est une des nombreuses variantes d'un conte connu non seulement en Afrique, mais également dans le Maghreb, en France, et dans plusieurs pays d'Europe. On en trouve une version plus complexe parmi les contes de Grimm.
Les illustrations sont assez décevantes, avec des personnages qui rappellent maladroitement la bande dessinée ou la caricature. Mais on note quelques détails sympathiques, comme la maison de la voisine, avec son canapé, son divan, le rideau devant la porte, et les grappes de piments ou de poivrons, suspendues à l'extérieur sur le mur. Et la rue du village, avec la boutique du marchand de légumes, et la « Boucherie de l'Amitié ».
Malgré la faiblesse des illustrations, ce livre bilingue reste intéressant : le texte en dialecte tunisien a fait l'objet d'un travail d'édition soigneux, se référant aux versions de différentes conteuses tunisiennes, et s'appuyant aussi sur des publications anciennes – il s'agit sans doute de celles de l'Institut des Belles Lettres Arabes, déjà utilisées pour l’édition du premier conte de la collection Petites histoires tunisiennes, Ommi Sissi –. On apprécie le choix de conserver pour cette publication la langue arabe parlée tunisienne, dans laquelle ces contes traditionnels ont été transmis oralement de génération en génération. La traduction française a opté pour une langue simple et fluide : elle ne cherche pas à faire passer toutes les particularités de la langue d'origine, sans trahir pour autant le conte. L'on peut regretter néanmoins que la formule finale traditionnelle de clôture des contes n'ait pas été rendue par une formule équivalente.
Le conte est raconté sur un CD en arabe tunisien puis en français, et les deux interprétations sont vivantes, bien servies par un accompagnement musical discret qui contribue au plaisir de l'écoute, et peut sans aucun doute doubler le plaisir de lecture.
LV