Bibliographie Maroc - 2006-2016
En clôture de notre dossier consacré au livre et à la lecture au Maroc, pays invité d’honneur de Livre Paris 2017, nous vous proposons une sélection de titres pour la jeunesse disponibles, publiés au Maroc au cours des dix dernières années. Cette sélection a été établie par notre Comité de lecture Monde arabe.
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Livres d’images
[Alya et les trois chats] علياء والقطط الثلاث
Amina Hachimi Alaoui, ill. Maya Fidawi
Casablanca : Yanbow al-Kitab, 2016
32 p. : ill. coul. ; 22 x 29 cm
ISBN 978-9954-486-64-1 : 9 €
À partir de 5 ans
Pacha le chat angora noir – fier comme un pacha vraiment ! –, Minouche le tigré gris trouvé dans la rue et Amir le siamois déluré sont les trois chats de Maryam et Sami. Ils adorent se vautrer sur le ventre de Maryam, mais voilà qu’un jour celui-ci se met à grossir, grossir, et quelque chose se met à remuer dedans. Qu’est-ce que ça peut bien être ? Puis Maryam disparaît quelques jours. Lorsqu’elle revient, elle est redevenue mince comme avant mais elle porte un gros panier dans lequel quelque chose se met à hurler de temps en temps, et demande beaucoup d’attention de la part de Maryam. Nos trois minous sont bien désemparés. Heureusement, la jeune maman est assez psychologue pour prendre le temps de leur expliquer qu’elle les aime toujours et que son cœur est assez grand pour aimer aussi la petite Alya. Ce livre constituera un bon support pour aborder l’arrivée d’un nouvel enfant dans la famille. Par ailleurs, les trois chats, avec leurs caractères différents, ont des comportements dans lesquels certains enfants pourraient se reconnaître. Les illustrations de Maya Fidawi sont vraiment charmantes, tendres et drôles. Une belle réussite pour cet album écrit par Amina Hachimi Alaoui, directrice de la maison d’édition marocaine Yanbow al-Kitab.
Collection Mon p’tit imagier
Corinne Baret-Idatte
Casablanca : Yanbow al-Kitab, 2008
[28] p. : ill. coul. ; 13 x 13 cm
40 DHS, 6 €
De 0 à 3 ans
Un dessin, détouré par un trait blanc irrégulier, se détache sur un fond de couleur unie. En regard, le mot qui désigne l’élément représenté, en français, en arabe et en anglais. Cinq petits imagiers très lisibles et bien construits.
Animaux حيوانات ISBN 978-9954-486-23-8
Bébé الرضيع ISBN 978-9954-486-27-6
Fruitsفواكه ISBN 978-9954-486-25-2
Légumes خضروات ISBN 978-9954-486-24-5
Transports وسائل النقل ISBN 978-9954-486-26-9
L'Eucalyptus de Noël
Fouad Laroui, ill. Nathalie Logié Manche
Rabat : Yomad, 2007 (Rêves d'enfants)
[40] p. : ill. coul. ; 24 x 17 cm
ISBN 978-9954-00-076-2 : 7 €
À partir de 9 ans
Chaque dimanche, un camion vient chercher une foule d'enfants, dont le narrateur, et les amène à la ferme des Américains. Là, on leur raconte des histoires de la Bible, avant de leur servir un goûter fabuleux. Puis, c'est le retour à la maison, où les enfants font part de ce qu'ils ont appris, une occasion de réaliser, par exemple, que « Jonas » et « Younès » désignent le même prophète… Les choses se gâtent quand on approche de Noël, qui semble merveilleux, avec son sapin à décorer. Et d'ailleurs, qu'est-ce qui empêcherait des musulmans de fêter la naissance de « Sidna Issa », ou « Notre Seigneur Jésus », même avec une branche d'eucalyptus à la place du sapin ? Un texte sympathique, convaincant, proche de l'enfance, accompagné d'illustrations de style bande dessinée.
Le Poisson d'or du Chellah
Mostapha Oghnia, ill. Nathalie Logié Manche
Rabat : Yomad, 2009 (Rêves d’enfants)
[34] p. : ill. coul. ; 24 x 17 cm
ISBN 978-9954-00-097-7 : 7 €
À partir de 9 ans
Un vieil homme pauvre vit à Rabat, réconcilié avec l’idée de rester seul le restant de sa vie, jusqu’au jour où une jeune voisine tombe amoureuse de lui. Le vieil homme succombe lui aussi à l’amour et de nombreux enfants naissent de cette union. Mais l’homme sait qu’il se fait de plus en plus vieux, que son cœur risque de le lâcher, et il se fait du souci pour l’avenir de sa famille. Il ne lui reste qu’une solution : capturer le poisson d’or qui, selon la légende, vit dans une source qui se trouve dans la kasbah du Chellah… Les illustrations ne sont malheureusement pas à la hauteur de cette belle histoire qui garde le lecteur en haleine jusqu’à la fin, inattendue.
Cet ouvrage existe également en version arabe :
ISBN 978-9954-00-099-1
سمكة شالة الذهبية
Un Zèbre est un zèbre الحمار الوحشي هو حمارٌ وحشيٌ
Max Huwlyer, Jürg Obrist, trad. Jean René, Samia Al-Imam
Casablanca : Yanbow al-Kitab, 2012
[32] p. : ill. coul. ; 22 x 29 cm
ISBN 978-9954-486-54-2 : 9 €
À partir de 8 ans
Un petit zèbre se pose des questions sur ce qui le caractérise. Ses rayures ! Oui, mais ses rayures sont-elles blanches ou noires ? Est-il blanc ou noir ? Les interrogations le taraudent jour et nuit et le tourmentent tant qu'il se prend à espérer perdre ses rayures. Mais tout blanc ou tout noir, les autres zèbres ne le reconnaissent pas et c'est finalement en retrouvant ses rayures qu'il se sent le mieux. Une histoire amusante qui aborde les interrogations identitaires des petits. Ce livre existe en versions française, arabe et bilingue. On applaudit l'idée ingénieuse et innovante de la version bilingue (ISBN 978-9954-486-52-8): l'histoire est racontée en arabe et la version française apparaît sur les rabats de la couverture, ce qui permet de feuilleter le livre en arabe tout en lisant le texte en français. Une belle façon de créer une passerelle entre les langues.
Contes
10 contes qu’il faut absolument lire, ou contes orientaux sur les traditions marocaines
Selma Lahbabi Desmot, ill. Assia Bennati
Casablanca : Arabesque, 2016
[57] p. : ill. coul. ; 22 x 22 cm
ISBN 978-995-43-7039-1 : 16 €
À partir de 10 ans
Mézia organise son mariage depuis plusieurs semaines et voici qu’approche le moment tant attendu. À travers dix courtes histoires, le lecteur découvre avec Mézia les différentes étapes qui préparent la future mariée au mariage, puis la suit dans ses premiers moments de femme mariée, sa grossesse et l’arrivée du bébé jusqu’à la circoncision de ce fils.
Par le biais de ces contes, l’auteure nous livre tout ce qu’une mère se doit de transmettre à sa fille. Dans la qualité et le détail des informations contenues dans les textes, l’ouvrage relève presque plus du documentaire que du conte. L’édition se veut élégante, tant dans le choix du papier, de la couverture, que par le style de l’écriture et la finesse des illustrations. « Être moderne et vivre avec son temps sans renoncer aux traditions. C’est là toute la complexité et la richesse du Maroc. C’est là toute son identité et la mienne », explique l’auteure. Un très beau livre sur les traditions marocaines.
L'Arbre au secret
John Kilaka, trad. de l’allemand Jean René
Casablanca : Yanbow al-Kitab, 2012
[32] p. : ill. coul. ; 22 x 29 cm
ISBN 978-9954-486-55-9 : 9 €
À partir de 5 ans
Un jour, la sécheresse s’installe au pays des animaux, bientôt suivie de la famine. Un seul grand arbre continue à porter de merveilleux fruits. Mais impossible de les récolter, les fruits restent accrochés à l’arbre. C’est une petite lapine qui a l’idée d’aller voir la vieille et sage tortue pour lui demander conseil. Toutefois, on la juge trop petite pour se charger de cette tâche, et ce sont les animaux les plus gros, l’éléphant et le buffle qui sont envoyés auprès de la tortue qui, effectivement, connaît la solution et leur livre le secret : ils doivent s’adresser à l’arbre en l’appelant par son nom. Pas de chance : sur le chemin du retour, ils oublient le fameux nom. Tous les animaux vont défiler en ordre décroissant de taille chez la tortue, et tous vont oublier le nom, jusqu’à la petite lapine qui, elle, mènera à bien sa mission. Une jolie fable – recueillie par l’auteur- illustrateur de ce livre, l’artiste tanzanien John Kilaka – dont la morale ne pourra que séduire les enfants. Les illustrations, réalisées selon le style de peinture Tingatinga développé par Edward Said Tingatinga dans la second moitié du XXe siècle en Tanzanie, sont non seulement très colorées et vivantes, mais aussi très modernes : ainsi, les animaux sont habillés de manière tout à fait contemporaine. Ce contraste entre le récit, mené sur le ton d’un conte traditionnel, et les illustrations si modernes, ajoute encore au charme de ce livre. John Kilaka a reçu le prix « Nouveaux horizons » de la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne en 2005 pour son livre Ubucuti bw’imbeba n’inzovu, publié en kinyarwanda aux éditions Bakamé.
Ce livre existe aussi en arabe sous le titre :الشجرة العجيبة, trad. en arabe de Samia Al-Imam, ISBN 978-9954-486-53-5.
Chtim Chlim et la fille du sultan
Nezha Lakhal Chevé, ill. Chadia Chaïbi Loueslati
Casablanca : Afrique Orient, 2014 (Tiara jeunesse)
40 p. : ill. coul. ; 22 x 22 cm
ISBN 978-9981-258-87-7 : 10 €
À partir de 6 ans
Un pauvre musicien trouve une poule noire, le jour où sa femme met au monde un fils, Chtim Chlim. Un magicien, à qui il refuse de vendre cette poule noire, lui propose d’acheter chaque jour l’œuf qu’elle pondra, au prix de vingt dinars d’or, à la condition que le musicien n’égorge jamais la poule. Bien des années plus tard, le musicien part en pèlerinage à la Mecque. Le magicien persuade alors la mère de Chtim Chlim de lui vendre la poule, qu’il égorge aussitôt, afin qu’elle la fasse cuire pour lui. Chtim Chlim mange le croupion de la poule encore fumante… et il est obligé de fuir la colère du magicien !
Nous voilà entraînés à la suite de Chtim Chlim, dans un périple qui le mène à travers plaines et déserts jusqu’à Bagdad, et jusqu’à la montagne sacrée, puis dans une oasis où pousse un dattier extraordinaire. Réussira-t-il à épouser la princesse qui a déjà fait trancher la tête de trente-neuf prétendants?
Si la mention « contes des Mille et une nuits » qui figure sur la couverture du livre n’est pas vraiment justifiée – l’auteure s’est inspirée non seulement du fameux recueil, mais aussi de contes coréens, kabyles, et marocains pour cette création – Nezha Chevé a tiré un bon parti de son expérience de conteuse. Ce conte merveilleux, fertile en rebondissements, tient le lecteur en haleine jusqu’au bout ! Le texte très enlevé et très rythmé est, dans l’ensemble, bien mis en valeur par la mise en page et par des illustrations auxquelles on peut néanmoins reprocher le caractère un peu figé des visages.
La Femme, le roi et le bûcheron كلشي من لعيالات
Lalla Zoubida ElAbra, ill. Françoise Joire
Rabat : Marsam, 2009
32 p. : ill. coul. ; 20 x 20 cm
ISBN 978-9954-21-140-3 : 12 €
À partir de 6 ans
Tout est-il toujours l’œuvre des femmes, le bien comme le mal ? C’est l’avis de la reine, mais certainement pas celui de son mari, le roi : « Ce serait donc à toi que je dois mon royaume ? » « Je ne prétends pas cela, mais je persiste à dire que tout est l’œuvre des femmes. » Comme un homme – roi de surcroît – aime rarement être contredit, il la congédie sur le champ. Mais puisque les contes sont là pour faire espérer que même les rois – hommes de surcroît – regrettent leurs erreurs, ce roi-là devra bien se rendre, un jour, à l’évidence…
Ce titre bilingue (et même trilingue puisqu’on trouve également le texte retranscrit en arabe dialectal marocain) est très joliment illustré par Françoise Joire.
Dans la même collection : La Fille du porteur d'eau بنت الڭرّاب ISBN 978-9954-21-141-0
Les Légendes de Casablanca
Mostapha Oghnia, ill. Yves Renda
Rabat : Yomad, 2011
[48] p. : ill. coul. ; 22 x 25 cm
ISBN 978-9954-531-10-5 : 14 €
À partir de 8 ans
La ville de Casablanca est émaillée de petits sanctuaires ou de lieux dont les noms font référence à une légende ou à un fait historique. Cinq de ces histoires nous sont racontées ici. On apprend ainsi l’origine du nom de la ville, dont la légende remonte au XIVe siècle : Sidi Allal Kairouani, un riche marchand parti de Kairouan, en Tunisie, pour rejoindre le Sénégal, fit naufrage au large de Casablanca où il fut recueilli par des pêcheurs. Il tenta de faire venir auprès de lui sa fille unique, Lalla Beïda, mais elle fit aussi naufrage et se noya. Sidi Allal fit construire un sanctuaire qui prit le nom de Maison Blanche (Casablanca ou Dar El Beïda) en hommage à sa fille réputée pour la blancheur de sa peau. On trouve également les légendes de Sidi Bou Smara, l’homme qui faillit tuer Satan et parvint à faire revenir l’eau dans la cité assoiffée par une terrible sécheresse ; de Sidi Belyout qui avait le don de communiquer avec les animaux et sauva un lion qui, en retour, le protégea toute sa vie ; de Sidi Abderrahmane, le premier habitant de la petite île du même nom, dont le savoir était si grand qu'on lui attribuait de nombreux pouvoirs ; ou, enfin, de Lalla Taja, une jeune femme que sa beauté et sa générosité conduisirent à une mort tragique.
La Maison de Lalla Chama دار للا شامة
Ahmed Taieb El Alj, ill. Nathalie Logié Manche, Alexis Logié, trad. de l’arabe Touria Ikbal et Rachid Chraïbi
Rabat : Marsam, 2009
16 p. : ill. coul. ; 20 x 20 cm
ISBN 978-9954-21-110-6 : 7 €
À partir de 9 ans
Comme la maison de Lalla Chama « n’a ni porte ni gardien », plusieurs animaux et objets proposent de la garder durant son absence. Le voleur qui pensait trouver la maison vide est bien attrapé : il est piqué par l’aiguille cachée sous la couverture, sali par la crotte du chat, attaqué par le scorpion, aveuglé par la fiente du coq… Ce conte, qui en rappellera d’autres, est écrit en arabe dialectal marocain rimé. La traduction française est rimée elle aussi. Le livre s’ouvre à la verticale, ce qui permet une lecture des textes dans les deux langues en parallèle.
Le Mariage de Mademoiselle Khanfoussa
Nezha Lakhal-Chevé, ill. Chadia Chaïbi-Loueslati
Casablanca : Afrique Orient, 2014 (Tiara Jeunesse)
32 p. : ill. coul. ; 21 x 21 cm
ISBN 978-9981-25-934-8 : 10 €
À partir de 6 ans
« Ah ces femmes, elles ne savent pas ce qu'elles veulent! ».Telle est la réplique de chacun de prétendants d'une demoiselle Scarabée appelée Khanfoussa qui cherche avec ardeur un mari dans la ville de Fès. Celle-ci en rencontre plusieurs: le chameau, l'âne, le chien et bien d'autres... Mais la jeune Khanfoussa ne désire épouser qu'un mari qui sait chanter : y parviendra-t-elle ? Finalement oui, avec plus de simplicité qu'on pouvait l’imaginer !
Les illustrations sont drôles et représentatives de la culture marocaine, comme dans les détails des vêtements des nagafas (les porteurs de la mariée). Dommage que l'éditeur ait choisi un papier glacé qui donne à l'album un aspect un peu vieillot.
Nous avons particulièrement aimé les formules de séduction des différents prétendants que l'auteure a choisi de garder en dialecte marocain. Elles nous transportent le temps d'une histoire dans les ruelles des souks marocains.
L'Ogre et la chèvreالماعزة و الغول
Conte recueilli par la Fondation Zakoura Education, adapt. Marianne Colombier pour la version française, adapt. Brahim Zaïd pour le texte arabe, ill. Elisabeth Piquet pour la version française et les enfants de la fondation Zakoura Education pour la version arabe.
Casablanca : Yanbow al-Kitab, 2008 (Contes du Maroc et d'ailleurs)
40 p. : ill. coul. ; 21 x 21 cm
ISBN 978-9954-486-14-6 : 50 DHS, 12 €
À partir de 9 ans
Ce conte est celui, bien connu, de la chèvre et des chevreaux ; il devient un conte de randonnée car la chèvre, voulant se venger de l’ogre qui a dévoré ses petits, cherche à renforcer ses cornes avec du fer. Mais le ferronnier lui demande en échange un mouton, que le berger ne consentira à céder que si la chèvre lui rapporte un chiot, etc. Le texte est bien rythmé, en français comme en arabe.
Proverbes populaires du Maroc : paroles et calligraphies de femmes أقوال و خطوط النساء.أمثال شعبيّة من المغرب
Collectif, trad. Mohamed Benlamlih, Leïla Banallal Messaoudi
Casablanca : Yanbow al-Kitab, 2009
113 p. : ill. coul. ; 24 x 17 cm
ISBN 978-9954-486-40-5 : 24 €
À partir de 9 ans
Ce recueil de proverbes est le fruit d’une collecte effectuée durant des séances d’alphabétisation auprès de femmes « vivant à la montagne, dans la campagne ou encore en périphérie des villes dans des conditions socio-économiques très difficiles ». Il est constitué de différents chapitres : proverbes pour leurs enfants, proverbes pour leurs maris, les proverbes des maris aux femmes… L’ouvrage est bilingue arabe - français et totalement réversible. Les proverbes en dialecte marocain sont présents sous trois formes : arabe dialectal, traduction en arabe littéral et traduction en français. Les proverbes berbères n’apparaissent qu’en traduction, en arabe et en français. Les dessins calligraphiés qui illustrent les proverbes ont été réalisés par une vingtaine de femmes d’un douar ou village, sélectionné à l’issue d’un concours de calligraphie. Suite à la sélection, les femmes ont été formées. L’utilisation de la typographie, réussie pour les têtes de chapitre, ne met peut-être pas suffisamment en valeur les proverbes eux-mêmes. Saluons le sérieux de la démarche de la Fondation Zakoura Education qui couple son travail social d’alphabétisation avec la valorisation du patrimoine culturel marocain et le développement du potentiel artistique des femmes en alphabétisation, pour aboutir à un recueil intéressant et réussi sur le plan esthétique.
Razina, la sage sultane
Nezha Lakhal-Chevé, ill. Anne Buguet
Casablanca : Afrique Orient, 2016 (Tiara Jeunesse)
[32] p. : ill. coul. ; 19 x 26 cm
ISBN 978-995-46-3098-3 : 13 €
À partir de 7 ans
Mahmoud tombe éperdument amoureux de Razina, une jeune paysanne. Celle-ci n’accepte de l’épouser qu’à la condition qu’il apprenne un métier car, lui dit-elle, « Les jours se suivent, mais ne se ressemblent pas. Aujourd’hui tu es prince, mais demain est incertain… Un métier dans les mains met à l'abri du besoin. » Par amour, il décide de devenir tisserand et se met au service de l’artisan le plus réputé d’Ispahan. Il confectionne un magnifique tapis qu’il offre à sa bien-aimée. Plus tard, son apprentissage s’avèrera très utile et le sauvera d’un sort terrible. Un parallèle est à établir entre cette histoire et celle de la reine Anahid, un conte arménien mis par écrit par Ghazaros Aghayan et publié en 1891.
Des illustrations colorées qui rappellent le style de la miniature persane et un texte rythmé pour ce conte plein de sagesse récompensé, dans la catégorie jeunesse, par le prix Grand Atlas 2016, prix littéraire créé par l’Ambassade française au Maroc et qui prime chaque année des livres édités dans ce pays.
Ruses de femmes ? Ruses d'hommes ? كيد النساء؟ كيد الرجال؟
Lalla Laäziza Tazi, Abdellatif Labi, ill. Fatima Lourdighi, conte de Fatema Mernissi
Rabat : Marsam, 2007
44 p. : ill. coul. ; 28 x 21 cm
ISBN 978-9981-21-075-2 : 12 €
À partir de 6 ans
Ce conte met en scène le duel sans merci qui oppose Lalla Aicha, fille du menuisier, à Sidi Mohammed, fils du roi. De guerre lasse, ce dernier épouse la jeune fille et l'enferme dans un silo ; chaque jour, il lui demande qui l'emporte, l'homme ou la femme, et invariablement elle répond : " La femme, Monseigneur. " Du fond de sa prison, elle se débrouille même pour porter trois enfants de lui sans qu'il s'en rende compte ! Un conte qui apprend aux femmes à avoir confiance en leurs propres ressources. On ne s'étonnera donc pas qu'il ait été recueilli et retranscrit en arabe dialectal par la sociologue et écrivaine Fatima Mernissi, pionnière du mouvement féministe marocain. La traduction française, du poète Abdellatif Laâbi, est vivante. Enfin les illustrations, très colorées, ont beaucoup de charme.
Le Scorpion et le crocodile العقرب والتمساح
Ahmed Taieb El Alj, ill. Alexis Logié
Rabat : Marsam, 2006
[24 p.] : ill. coul. ; 20 x 20 cm
ISBN 9954-210-45-8 : 7 €
À partir de 6 ans
Un scorpion demande à un crocodile de lui faire traverser le fleuve. Le crocodile a peur d'être piqué en cours de route, mais le scorpion lui assure qu'il ne court aucun danger : "Si je te mords ou te pique, c'est ma perte, avant la tienne, que je risque". Mais l'instinct du scorpion sera le plus fort, et causera la perte des deux personnages. Un texte poétique, bilingue français-arabe, accompagné d'illustrations qui ajoutent une note très violente à l'ambiance, sans en rendre la poésie. L'album s'ouvre à la verticale, ce qui permet d'échapper à l'éternelle question de l'ouverture du livre en fonction du sens de la lecture de l'arabe ou du français.
Comptines
Comptines marocaines ترنيمات مغربيّة
Amina Ennceiri, ill. Mohammed Idali
Rabat : Yomad, 2014
31 p. : ill. coul. ; 24 x 22 cm
ISBN 978-9954-531-21-1 : 22 €
À partir de 3 ans
Une sélection de comptines et de berceuses marocaines, toutes tirées du patrimoine oral, réunies et retranscrites pour la première fois. L’album est accompagné d’un CD ; la voix de Wassima Al-Zobaydy est très belle et très apaisante. La force de ce recueil réside dans la diversité des langues représentées : on y trouve des chansons en arabe standard moderne, en arabe dialectal marocain et en berbère. Elles peuvent ainsi toucher un public très varié, au Maghreb et ailleurs. Les textes, écrits en arabe dialectal, sont aussi transcrits en caractères latins. Dommage qu’il n’y ait pas eu de transcription en caractères berbères, comme c’est le cas pour le titre. Les calligraphies qui accompagnent les textes apportent certes un « plus » esthétique mais elles restent décoratives.
Romans
La Guerre des poubelles
Habib Mazini
Casablanca : Yanbow al-Kitab, 2009 (Yanbow junior)
83 p. + [20] p. ; 18 x 14 cm
ISBN 978-9954-486-39-9 : 10 €
À partir de 9 ans
Entre les rats et les chats du souk de Casablanca, c’est la guerre pour le contrôle des poubelles, sources de nourriture pour les deux clans. Prises d’otages, manœuvres d’intimidation, alliances contre nature avec les cafards, complots pour renverser le chef et prendre sa place, Habib Mazini nous propose un véritable thriller situé dans l’underground de Casablanca. Et, bizarrement, on y croit ! Jeux et questions en fin de volume.
Sanae la petite bonne
Laurence Le Guen
Rabat : Yomad, 2010 (Yemma Junior)
192 p. ; 18 x 12 cm
ISBN 978-9954-00-098-4 : 4,50 €À partir de 13 ans
Une petite campagnarde est arrachée à sa famille (avec l’accord explicite de son père) pour aller travailler à Marrakech dans une famille fortunée. Tout est fait pour la rendre malheureuse : on lui rase la tête par crainte des poux, on lui donne des guenilles parce que ses vieux habits sont laids et sales, on la confine dans un réduit sinistre où le matelas qui lui sert de lit est taché, sans drap, recouvert d’une vieille couverture sale et insuffisante pour la protéger du froid. Elle mange les maigres restes de la famille, travaille du soir au matin, subit les remarques et les coups de sa patronne, et les deux enfants de la famille s’ingénient à l’humilier et à augmenter sa charge de travail. Elle finit même par être violée par le fils de la maison, un adolescent gras et déplaisant que sa mère adule. Seul le père de famille, souvent retenu loin du foyer par ses occupations professionnelles, montre un peu d’humanité envers la petite bonne.
Martyrisée, elle finit par s’échapper et échoue dans la rue où elle rencontre une bande d’enfants qui compte plusieurs filles au destin semblable au sien. Elle trouve dans ce groupe chaleur et solidarité. Elle s’en sortira grâce à une association qui prend en charge les enfants des rues. Malgré l’accumulation de souffrances et de vexations, malgré le côté manichéen du roman, on ne peut que croire à la vraisemblance du récit.
Documentaires
Raconte-moi le luth
Amina Hachimi Alaoui et Mehdi de Graincourt, ill. Arnaud Cayuela
Casablanca : Yanbow Al Kitab, 2007 (Raconte-moi)
[49] p. : ill. coul. ; 22 x 22 cm
ISBN 978-9954-486-00-9 : 14 €
À partir de 9 ans
La collection Raconte-moi des éditions Yanbow Al Kitab propose des fictions documentaires consacrées à la valorisation du patrimoine culturel marocain. Il s'agit ici du luth ou " oud " : on découvrira, à travers la relation de Essadek à son grand-père, grand spécialiste du luth, l'histoire de cet instrument, son origine, ses caractéristiques, ainsi que des informations sur sa fabrication et quelques grands noms de joueurs de luth. Les illustrations, à l'aquarelle, rendent bien l'ambiance des lieux, et se rapprochent des caricatures dans les représentations des visages. Un livre qui apprendra au lecteur énormément de choses sur cet instrument mythique !
Tarik Ibn Zyad طارق بن زياد
Zakya Daoud, ill. Alessia Bravo
Rabat : Marsam, 2015
40 p. : ill. coul. ; 32 x 22 cm
ISBN 978-9954-2-1396-4 : 15 €
À partir de 11 ans
Ce très beau livre raconte la conquête en 711 de l’Hispania wisigothe par les troupes musulmanes, principalement composées de Berbères, avec à leur tête Tarik Ibn Zyad, leur chef « grand, fort, blond aux yeux bleus » comme beaucoup de Zénètes (une tribu berbère) du Rif. C’est lui qui donnera son nom au fameux détroit : Gibraltar est une contraction de Jabal Tarik (le mont de Tarik). Comme pour les territoires perses et byzantins, la rapidité de la conquête s’explique par les conflits internes du royaume wisigoth, beaucoup de leurs chefs s’alliant à Tarik contre leur propre camp, ainsi que par la politique de protection à l’égard des vaincus pratiquée par Tarik. Mais lui-même va se retrouver en butte à la jalousie de celui qui l’a envoyé combattre en Espagne, Moussa Ibn Nouçair, l’émir du Maghreb, qui tentera de s’approprier la paternité des conquêtes. Tout cela se réglera devant Al Walid, le calife omeyyade de Damas.
L’intérêt de ce livre bilingue, outre la qualité des illustrations et de la mise en page, est de permettre de voir par l’autre bout de la lorgnette une histoire racontée souvent de manière caricaturale et stéréotypée en Occident. Si on trouve une ou deux phrases un peu maladroites (par ex. « Aucune ville ne résiste, aucune campagne ne se révolte. L’Hispania attendait les musulmans »), dans l’ensemble cet ouvrage est très intéressant, et un vrai plaisir pour les yeux !
Comité de lecture Monde arabe :
Hasmig Chahinian (HC), BnF/ CNLJ, Paris
Naïla Hanna (NH), Librairie de l’Institut du monde arabe, Paris
Sarah Rolfo (SR), Librairie de l’Institut du monde arabe, Paris
Nathalie Sfeir (NS), Librairie de l’Institut du monde arabe, Paris
Laurence Veyssier (LV), Bibliothécaire, Paris
Marianne Weiss (MW), Médiathèque jeunesse de l’Institut du monde arabe, Paris †