La Bille d’Idriss

Quelque part dans le Sahel, le petit Idriss joue avec son unique bille dans la poussière, devant sa maison, mais un jour les armes dévastatrices et la guerre le contraignent à fuir avec sa maman. Le petit garçon emporte, serrée dans son poing, sa belle bille. A travers les barbelés, la mer, les obstacles et la peur, Idriss est sûr que sa bille leur porte chance, jusqu’à cette nouvelle terre où la vie peut recommencer. L’histoire est celle de bien d’autres personnes et elle a été maintes fois racontée. Elle est ici délivrée sans pathos, mais tout en gardant la force et la réalité du voyage, avec sensibilité et sobriété. La violence est là, présente, visible, mais comme voilée par l’innocence du garçon et par le fil conducteur de la bille, symbole d’espoir, de jeu, de normalité. Le format à l’italienne et les longs traits de couleur des puissantes illustrations de Zaü accentuent l’idée de la fuite, du voyage, de la distance à parcourir, du mouvement. Ce format permet aussi au lecteur d’entrer pleinement dans l’image, d’avoir devant les yeux un véritable panorama. Le trait si particulier et si expressif de Zaü se mêle adroitement à ce texte sobre et habile de René Gouichoux, avec des couleurs osées, saturées, qui évoquent de manière originale l’horreur, la difficulté du voyage, la détresse, la peur. Le sombre et le vif s’allient pour former des illustrations frappantes et magnifiques – mouvantes. Le jeune lecteur peut facilement s’identifier au garçon, grâce à la bille, jeu universel qui rassemble les enfants de partout.