[Fouchtakatou]
فوشتاكاتو
Sur la couverture de cet ouvrage, le visage de Nagham : elle regarde le lecteur à travers ses doigts écartés qui couvrent en partie son visage. Retournons le livre. Nous voyons l'arrière de la tête de Nagham, et au premier plan, un écureuil qui nous regarde, lui aussi, à travers ses doigts écartés.
Ouvrons l'album et écoutons Nagham. Après la naissance de sa petite sœur, Nagham se sent délaissée. Toute la famille est occupée par le bébé, plus personne ne s'occupe d'elle. Elle commence à se ronger les ongles. Mais sa maman lui propose un jeu étrange. Chaque fois qu'elle verra Nagham ronger ses ongles, elle lui dira un mot magique : « Fouchtakatou ». Et Nagham devra retirer ses doigts de sa bouche... Nagham se prend au jeu et va bientôt cesser de se ronger les ongles. Mais elle veut bien continuer à jouer à « Fouchtakatou », parce que ce mot fait rire sa petite sœur....
La fillette évolue dans un univers contemporain, coloré dans une gamme restreinte de couleurs froides. Le graphisme est original - cheveux, cils et sourcils, font l'objet d'un travail minutieux, la carnation des visages est rendue par une technique qui évoque celle de la fresque. Elle est souvent accompagnée d'un petit écureuil, son double. On notera également la présence, au fil des pages, de glands de chêne, souvent grignotés, rappel graphique des ongles rongés. Les glands figurent en motif répété sur la couverture du berceau de la petite sœur, comme sur les pages de garde de l'album, ce qui témoigne du soin apporté par l'illustratrice italienne Francesca Cosanti à la réalisation de ce livre. Chaque scène fait l'objet d'une double-page. Les illustrations sont pour la plupart très parlantes et le plus souvent légendées d'une ou de deux courtes phrases. L'histoire, qui nous est racontée par la fillette, use de mots simples – hormis le mot magique – et en partie vocalisés.
Ce bel album, qui met en scène ce qu'éprouve un jeune enfant à l'arrivée d'un bébé dans la famille, peut aider les parents à dédramatiser cet événement.
LV