La Montagne fleurie
Les amateurs de littérature de jeunesse patrimoniale seront comblés avec ce livre qui marque un jalon important dans l’histoire du livre illustré au Japon. D’abord publié au sein d’un recueil de nouvelles à la fin des années 1960, puis de façon séparée en format album dès 1978, ce livre fait partie des classiques partagés par plusieurs générations d’enfants japonais. Ryunosuke Saito (1917-1985), journaliste et auteur prolixe pour la jeunesse, et Jiro Takidaira (1921-2009), graveur et illustrateur attitré de Ryunosuke Saito, forment un tandem artistique bien connu au Japon. Mais c’est la première fois qu’un de leurs livres est traduit en français.
Que nous raconte La Montagne fleurie ? Une sorcière, habitant la montagne Hanasaki, s’adresse tout au long de l’album à Aya, petite fille égarée en quête d’herbes sauvages, nécessaires à la préparation de la fête du village. Elle lui explique – dans un long monologue vaguement effrayant parce qu’omniscient – que chaque bonne action fait éclore une fleur et que chaque don de vie pour un juste combat fait naître une montagne…
Si l’histoire elle-même peut faire frémir par son carcan moralisateur, elle atteste pourtant d’une époque, celle d’une après-seconde guerre mondiale traumatisée, marquée par la volonté d’un auteur d’inculquer aux petits Japonais de demain de fortes valeurs comportementales : gentillesse, compassion et endurance. Le vernis du conte traditionnel, en dépit du personnage de la sorcière ou des kimonos d’antan, n’est donc que façade. Mais la tension entre un texte d’apparence très classique et des illustrations de toute modernité rend, aujourd’hui, l’objet extrêmement étonnant et intéressant. Car Jiro Takidaira est une référence en matière de gravure, maîtrisant parfaitement composition sur la page, gestion des couleurs (rares mais vives) et des contrastes. Son travail s’inscrit dans la longue tradition de l’estampe japonaise et ne manque pas de clins d’œil aux codes de la culture populaire de l’imprimé.
À découvrir…