Ils sont partis chercher de la glace…
Les aventures d’Africavi
La quatrième de couverture présente ainsi le protagoniste de cette bande dessinée : « Jeune prince ewé d’un petit village d’Afrique occidentale, Africavi est le fils du roi Africato, fasciné par la culture européenne ». De cette fascination découlent les aventures, au XVIIIe siècle, de ce prince, sommé par son père d’accompagner le négociateur afro-brésilien De Souza pour rapporter de la glace aux siens. L’espoir secret du roi est de voir son fils revenir un peu plus civilisé, autrement dit : occidentalisé. Mais l’issue du voyage sera toute autre…
L’humour burlesque est présent tout au long de l’ouvrage, notamment par le biais d’anachronismes, tant dans le vocabulaire que dans le dessin, mais également dans les situations, comme, par exemple, dans un village, les deux esclavagistes du groupe – prénommés Import et Export ! – sont proprement jetés dans le harem, afin qu’ils repeuplent le village que leur commerce a vidé de ses forces vives.
Cela n’empêche pas les deux auteurs d’aborder des sujets inhérents à ce « choc des cultures que fut la rencontre entre l’Occident et l’Afrique », comme la mise en esclavage d’une personne par vengeance personnelle ou pour arranger ses affaires.
Les dessins sont dynamiques et précis, aussi bien pour les costumes que pour les paysages qui permettent d’appréhender les différents environnements africains tels que le village dans les terres, le fort sur la côte, la savane, le désert ou les marais. Et même la montagne, avec le fameux Kilimandjaro, d’où la glace sera bel et bien rapportée !
Le dossier de fin présentant les auteurs, leur démarche et le contexte historique du récit est tout à fait bienvenu. Le lecteur y apprend, entre autres informations, que De Souza a réellement existé et que ses descendants sont nombreux dans un quartier de Lomé où vivent les auteurs.
Les croquis qui illustrent ce dossier confirment la maîtrise du dessin des frères Accoh qui n’en sont pas à leur premier coup d’essai avec cette bande dessinée : en 2006, leurs travaux furent sélectionnés dans le cadre du concours « Vue d’Afrique », organisé par le Ministère français des Affaires étrangères, et lauréats de l’un des prix de l’ONG italienne Africa e Mediterraneo.
Dommage que l’éditeur ait laissé passer quelques coquilles (fautes d’orthographe, erreurs historiques comme celle qui situe la rencontre de l’Afrique avec l’Europe entre le XVIIIe et le XIXe, omettant la présence des Portugais en Afrique centrale dès la fin du XVe siècle). Quoiqu’il en soit, ces dernières remarques n’enlèvent rien à la qualité et à l’intérêt de cette aventure qui allie très bien histoire et humour.
FC