Fables de toutes saisons suivies de Fables et devinettes de mon enfance
Ce nouveau recueil de fables de Patrice Kayo est complété par une réédition de Fables et devinettes de mon enfance (initialement parues en 1978, chez le même éditeur). Les fables, chez lui toujours très concises, semblent la respiration naturelle de cet écrivain camerounais. Si elles sont « le fruit de plusieurs années d’interrogation de notre culture, de notre folklore », elles sont aussi, dit-il, nourries de sa propre observation de la vie, de ses sentiments et de ses convictions. « Le fabuliste est un moraliste » affirme-t-il et cette « leçon de morale » continue d’être pour lui un engagement. Le lecteur d’aujourd’hui, pourra goûter à ces petites tranches de vie toujours instructives, souvent savoureuses, mais aussi inattendues, voire surprenantes. Il en va de même pour le message, clairement administré, parfois porteur d’une forme de philosophie ou de morale, sur lequel il pourrait y avoir matière à discussions, peut-être aussi à précisions… Ainsi de cette femme qui souffre des sévices que lui inflige son mari, mais qui doit, selon le devin consulté, y trouver, elle-même, remède. Cette fable encore, inspirée par le personnage de Kouokam, conseiller des rois bamilékés lors de la colonisation allemande, comprenant que « l’ingratitude est la récompense des rois et que tous les biens qu’on leur fait sont rangés dans le panier à ordures des devoirs des loyaux sujets ». Quant à la sottise et l’infantilité des peuples, bien souvent pointée, elle ne peut trouver remède que dans une lutte sans merci contre l’ignorance… Et si les humains sont ce qu’ils sont, les animaux sont bien leurs pareils, comme il se doit dans le genre. L’auteur aime les métaphores, la langue et les mots aussi et il en joue souvent – le jeune lecteur pourra s’en trouver un peu désarçonné… Quelques devinettes traditionnelles ferment l’ouvrage.