Pourquoi le Maure craint l’eau

Langue : français Auteur : Kémado Touré Illustrateur : Mamadou Lamine Thiam Lieu d'édition : Dakar (Sénégal) Éditeur : Plum’or Année d'édition : 2013 Collection : Les dits d’hier Nombre de pages : 34 p. Illustration : Couleur Format : 21 x 15 cm ISBN : 979-10-92299-11-3 Âge de lecture : À partir de 8 ans Prix : 3000 CFA
un Maure au fond saharien

Voici l’un des neuf contes en BD de la collection Les dits d’hier (voir Le Don du génie ou l’origine du proverbe pour la présentation de la collection). Il nous raconte l'histoire de Gnima, une jeune fille qui ne doit pas montrer ses dents sous peine de mourir. Ses prétendues amies, jalouses de l’éclat de ses dents (car elle s’est fait tatouer les gencives), la poussent à se baigner dans le marigot, mais Gnima oppose à chaque fois, comme une ritournelle, ce que sa mère lui a demandé de faire. Mais finalement, toutes les quatre vont se baigner et là,  une camarade métamorphosée en oiseau fait disparaître les vêtements et pose comme condition pour les rendre, que les filles dansent en montrant leurs dents. Gnima les montre… et meurt. Des oiseaux différents se proposent d’apporter la triste nouvelle au père… Pour la ressusciter, il faudra enduire son corps de la cervelle d'un Maure. Une partie de baignade est alors organisée pour piéger un petit Maure, l’attaquer et obtenir sa cervelle ; Gnima revient en vie. On retrouve deux motifs fréquents dans les contes africains : celui de l'oiseau qui dérobe les vêtements d'une fille (ce motif appartient à une série de contes de la jeune fille qui refuse son fiancé), et un autre qui relève de la série de la princesse qu'on ressuscite avec la cervelle du traître – dans ce cas, ce n’est pas un innocent qu’on sacrifie. Le fait que l’enfant sacrifié soit maure serait-il une faute suffisante pour mériter un tel châtiment alors que la jeune fille responsable de la mort de sa camarade reste impunie?  Quel genre de leçon veut-on donner aux enfants à travers ce conte ? La préface, très intéressante, explique, entre autres, ce qui peut se cacher derrière la figure du Maure dans les contes sénégalais mais reconnaît « l’acte quasi gratuit de cruauté du conte ». Les enfants, eux, ne liront pas la préface, et gagneront à ce qu’un adulte anime la discussion que ce conte nécessite après lecture. (MPH)