Exposition « Le livre de jeunesse, un trésor africain » au Festival mondial des arts nègres, Dakar 2010

Antoinette Fall Corréa et Viviana Quiñones
Vue de l'exposition

Après une première édition à Dakar en 1966 et une deuxième à Lagos en 1977, un nouveau Festival mondial des arts nègres a eu lieu en décembre 2010, à Dakar à nouveau. Ce troisième FESMAN, « un grand événement dédié à la culture noire », a affiché la même ambition que les éditions précédentes : « rendre justice à l’homme noir et montrer sa contribution à l’évolution de l’humanité ».

 

 

Un événement ouvert à la jeunesse

L’originalité de cette édition réside dans la place donnée à la jeunesse à travers les très nombreux « shows » de la culture urbaine, les grand-messes hip hop, les expositions de designers et autres arts post-modernes qui, de l’avis de certains, ont porté ombrage à des manifestations plus traditionnelles, telles que les expositions d’architecture, les spectacles de danse de l’École Mudra-Afrique1, les projections de classiques du cinéma ou les rencontres littéraires avec les prestigieux auteurs du continent ou de la diaspora.

Nonobstant cette mainmise de la jeunesse hip hop sur le Festival, la commission Littérature a tenu à affirmer l’importance de la littérature dans l’évolution actuelle de la culture noire. Les organisateurs ont eu pour objectif de donner à la parole féminine une place remarquée, tout en proposant de mettre en valeur la littérature de jeunesse – une première.

En effet, la littérature africaine de jeunesse n’était pas présente lors des précédents Festivals… Or, les quarante années passées depuis la première édition ont vu naître des livres pour enfants d’une grande richesse. Dans un contexte où l’importance de la lecture des enfants n’est pas toujours bien comprise, il est très important que cette littérature se soit vu accorder cette place au sein du Festival. Cela a été possible grâce à l’initiative et au soutien de Mariétou Diongue Diop2 et Antoinette Fall Corréa3, bibliothécaires engagées de longue date dans la promotion de la littérature de jeunesse au Sénégal.

Une exposition plébiscitée par le public

Elles ont ainsi organisé l’exposition « Le livre de jeunesse, un trésor africain », avec l’aide de la Bibliothèque nationale de France / Centre national de la littérature pour la jeunesse – La Joie par les livres. Une exposition centrée sur l’actualité, avec douze panneaux présentant thèmes, auteurs, illustrateurs, éditeurs… et un choix de 150 livres disponibles, publiés dans les divers pays d’Afrique francophone par 35 éditeurs, en français et dans des langues nationales.

L’exposition a eu lieu loin des grandes manifestations de la culture urbaine, sur l’île de Gorée, au prestigieux lycée « Maison d’éducation Mariama Ba », pensionnat de jeunes filles tapi à l’ombre des baobabs géants et que protège Mame Coumba Castel, le génie tutélaire de l’île. Le lieu a également accueilli deux tables rondes, passionnantes, sur l’écriture féminine.

 

 

Joliment installée dans un très bel espace, l’exposition a reçu environ 1300 visiteurs, aussi bien des individuels que des classes et des groupes, comme une délégation des Caraïbes venue au Festival. Ils ont pu s’installer confortablement (chaises, nattes, petites chaises d’enfants) pour lire les ouvrages disposés sur des présentoirs et des tables. Ils ont aussi pu participer aux nombreuses animations, notamment aux ateliers et aux rencontres d’élèves des écoles de Dakar et Gorée avec des auteurs comme Mame Daour Wade et des illustrateurs comme Dominique Mwankumi. Des moments forts, car les intervenants sont venus nombreux et le public a répondu présent avec enthousiasme et engagement. Les nombreuses inscriptions dans le livre d’or de l’exposition en témoignent. Deux conférences autour de la littérature de jeunesse par Viviana Quiñones et Dominique Mwankumi ont également été organisées, l’une à Gorée, l’autre à l’EBAD (École de bibliothécaires, archivistes et documentalistes).

 

 

L’exposition a bénéficié d’une bonne couverture par les médias : journaux, Internet, télévision – dont l’émission culturelle Kinkéliba, diffusée sur la chaîne nationale RTS1 ; on peut encore voir sur Youtube le petit film réalisé par Dominique Mwankumi : « Un petit moment de bonheur. Ile de Gorée, Dakar 2010 ».

L’exposition sera à nouveau visible dans les locaux nouvellement réaménagés du Centre Culturel Blaise Senghor de Dakar, pour permettre à un plus grand nombre d’écoles de la visiter.

Notes et références

1. Dans la lignée des écoles de danse lancées par Maurice Béjart, Mudra-Afrique a ouvert en 1977 à Dakar.

2. Directrice de la Bibliothèque universitaire de l’Université Cheikh Anta Diop, ancienne directrice du livre.

3. Secrétaire exécutive de BLD (Bibliothèque lecture développement) et enseignante à l’EBAD (École de bibliothécaires, archivistes et documentalistes).


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