Aly, fruit d'un mariage interdit

Un défi à la tradition

Langue : français Auteur : Sékou Keïta Lieu d'édition : Conakry Éditeur : Elohim Année d'édition : 2017 Collection : Pas à Pas Nombre de pages : 147 p. Illustration : N/A Format : 11 x 17,5 cm ISBN : 979-10-97337-00-1 Âge de lecture : À partir de 14 ans Prix : 25000 FGN
Un jeune homme s'assoit seul. Il a l'air sceptique.

Sékou Keïta, jeune auteur guinéen, publie ici son premier livre. Il y adopte le genre « picaresque », avec  un roman d'apprentissage et de voyage, où le héros relate sa propre histoire et celles que rapportent ses compagnons d'itinérance. À travers elles, il décrit et dénonce les tares de la société guinéenne, la corruption généralisée et la soumission aveugle à des pesanteurs sociales liées aux traditions. Mais il met aussi en lumière la solidarité qui peut être là.

Aly est le fruit d'un mariage interdit entre un homme prince et une femme griotte qui s'aiment au point de choisir de quitter le village et leurs familles. Son père meurt quand il est très jeune, sa mère qui l’a élevé au prix de grands efforts meurt à l’hôpital faute d’un payement immédiat des soins.  Aly doit alors compter sur ses propres forces pour survivre, car tous les liens sont coupés avec sa famille au village. Après avoir mis le feu à la maison du médecin coupable de la mort de sa mère, commence alors son périple depuis Kissidougou en Guinée forestière, à Banankoro où, dans les mines de diamants, les travailleurs sont grossièrement exploités avec la complicité de la police. Il est injustement envoyé en prison à Conakry puis, au port autonome, lui-même participe du système en envoyant un ami plus diplômé passer le concours de recrutement à sa place... Mais il insiste sur sa volonté, une fois en poste, de se former pour assurer dignement ses fonctions ! Las, la politique aura raison de sa grande réussite, et nous le quittons encore une fois en errance, à Bamako, mais peut-être enfin déterminé à affronter son destin et sa famille. Le personnage est sympathique, très naturel et doué d'une énergie qui lui permet de rebondir dans les épreuves.

Sékou Keïta a une voix très personnelle, une écriture vivante et agréable, des trouvailles d'expression heureuses. Il n'est jamais grandiloquent ni plaintif, même quand il raconte des choses horribles : ses dénonciations n'en sont que plus efficaces. Le roman se termine un peu abruptement, et on espère que l'auteur compte lui donner une suite, car on est curieux de savoir si Aly réussira à se faire accepter des siens.

Le texte comporte pas mal de coquilles et aurait mérité une relecture plus attentive – cependant il faut saluer la création des éditions Elohim en 2016 et leur choix de publier ce roman. On peut en savoir plus dans cette vidéo.

CR