L’exil, ma liberté
Les parents de Fiona sont dépités. La jeune fille de bonne famille béninoise a mis en ligne une vidéo d’elle, dénudée, en compagnie de camarades de classe copulant sans gêne. Après l’avoir soumis à un châtiment corporel sévère, ses parents envoient Fiona chez sa tante en France. Prenant modèle sur sa tante Prudencia qui, grâce à son sens du travail et à sa persévérance, a réussi à échapper à une vie de malheur, Fiona va retrouver le bon chemin.
Adélaïde Fassinou signe d’une plume élégante un roman qui fait office d’avertissement à la jeunesse. Le focus est posé avant tout sur le chagrin des parents, sur les malheurs de tante Prudencia et sur la rédemption de Fiona, une fois qu’elle est transformée en fille (trop ?) exemplaire. Malgré un jeu intéressant de changement de perspective – le roman varie entre narration à la troisième et à la première personne –, la figure de l’adulte moralisateur reste omniprésente. On aurait aimé en savoir plus sur Fiona et sur les véritables motivations derrière cette vidéo. La lectrice afropéenne que je suis aurait surtout souhaité voir l’esprit rebelle de Fiona mis à profit d’une cause noble, plutôt que de le voir éteint par la honte, mais la dernière scène du roman, évoquant les élections béninoises, rappelle que la rébellion est plus dangereuse dans certains pays que dans d’autres... (EM)