Les Fiancés de la forêt

Langue : français Auteur : Rémy Boussengui Illustrateur : Sophie Auvin Lieu d'édition : Sermamagny Éditeur : Les Éditions du Jardin des Mots Année d'édition : 2010 Collection : Les Savoureux Nombre de pages : 62 p. Illustration : Couleur Format : 20 x 20 cm ; CD ISBN : 978-2-9528176-2-2 Âge de lecture : À partir de 7 ans Prix : 22 €
Couverture de : Les fiancés de la forêt

C’est à un double voyage qu’invite cet album raffiné au format carré, donnant à lire et à entendre la parole de ce grand conteur qu’est Rémy Boussengui. L’histoire a été collectée dans le sud du Gabon, son pays d’origine.

« Singani kogho » lance-t-il pour s’assurer que les oreilles sont bien ouvertes ; « Yéno » lui répond-on. Le conte alors peut commencer : Dinzune enchante par sa beauté les humains tout comme les animaux. Fille d’un chasseur respecté et réputé, elle n’a de cesse de braver les interdits de son père autant que de vouloir prendre mari : le premier se révèle un assassin, le second un impotent, les suivants un oiseau voleur, puis un humain trop timide ; quant au dernier, Meghyène-Fils-des-Panthères, il meurt d’avoir imprudemment répondu à une envie de viande fraîche exprimée par sa femme enceinte… « Chacun à sa place » pourrait être la morale, tandis que, dans sa sagesse, le conteur qui en connaît un brin sur la nature humaine ponctue ça et là sa narration par un optimiste « que cette leçon nous serve pour demain ; de toute façon, nous sommes toujours en train de nous construire. »

Le texte, dans sa partie narrative comme dans les dialogues et les incantations intégrant largement l’expression en langue bantoue, joue des gras, des couleurs, de la différenciation des caractères et des corps, dans une mise en pages élégante que ponctuent ou ornent, en petites vignettes ou en pleine page, les illustrations de Sophie Auvin. Graphiques et gracieuses, avec leurs couleurs sourdes ou plus acidulées, elles imposent leur caractère symbolique. Si cette mise en pages offre un bel écrin au texte (ne le met-elle pas aussi un peu à distance ?), c’est l’enregistrement CD qui lui donne pleinement vie. La verve du narrateur, sa voix puissante, enveloppante ou haut perchée, rompue aux différentes tessitures, jouent des répétitions, changements de rythme, interpellations et répétitions... tandis que le chant à une ou plusieurs voix et les instruments traditionnels s’entrelacent au récit. Le conte, plein de rebondissements et de saveur, se clôt par un genre de bacchanale animalière et prend alors un tour étiologique, tandis qu’il n’est pas sûr que la belle Dinzune ait renoncé à n’en faire qu’à sa tête… Un grand plaisir d’écoute. Ce conte est aussi proposé en spectacle (diffusion Les Singulier(s)).

ML