Sa majesté l’âne
Mbaam Buur
Une fois passées les funérailles du vieux lion, mort sans descendance, il convient de nommer un nouveau monarque. Ni l’éléphant, ni le léopard, l’hippopotame, le rhinocéros, le zèbre… ne parviennent à un accord. Aussi lorsque les ânes demandent le pouvoir en raison de leur état de travailleurs permanents, ils l’obtiennent. Seulement, le nouveau roi ne se montre pas à la hauteur de la tâche et tout va mal. La solution : c’est la vieille sorcière qui la détient sous la forme d’un sachet de semence séchée du défunt lion. Une fois inoculée à la lionne, elle permet la naissance d’une portée, assurant ainsi la succession du précédent monarque. Les illustrations de Lamine Diéme sont intéressantes - vêtus et allant sur deux pattes, tels des humains, les animaux sont mis en scène dans différentes situations, créant parfois une ambiance anxiogène, notamment lorsque les ânes viennent réclamer le pouvoir. Et la mise en pages est réussie, avec les textes en wolof et en français bien repérables et lisibles. Mais le propos déroute : quel est le sens de cette histoire ? Conte politique ? Conte sociétal ? Qu’en est-t-il de la faculté de gouverner ? Toujours prévoir d’assurer sa succession ? L’auteur nous répond : « La fonction de Chef impose un comportement particulier qui suppose beaucoup d’acquis : savoir- faire, dignité, prestance, réflexion, capacité de prendre du recul, d’apaiser les conflits… Le lion, le roi des animaux, possède tout cela de façon innée. Mais notre société n’est pas du tout restée figée dans ses valeurs ancestrales. La culture fondée sur la hiérarchisation des individus par la naissance a évolué vers une hiérarchisation par l’éducation dans le sens noble du terme. Celui qui voudrait remplacer le lion doit soit avoir les mêmes attributs, soit essayer de les acquérir. L’âne du conte aurait dû acquérir les compétences inhérentes à sa nouvelle fonction avant de se lancer dans la bataille… Ce conte a été conçu pendant une période électorale, il pourrait bien être un conte politique… ».
BdL