Tamba, l’enfant-soldat

Langue : français Auteur : Marion Achard Illustrateur : Yann Dégruel Lieu d'édition : Paris Éditeur : Delcourt Année d'édition : 2018 Nombre de pages : 103 p. Illustration : Couleur Format : 30 x 23 cm ISBN : 978-2-413-00536-0 Âge de lecture : À partir de 14 ans Prix : 18,95 €

Une réalité glaçante : l’enfant soldat. Cette bande dessinée l’aborde par le biais d’une fiction bien proche de cette réalité et la prolonge en fin d’ouvrage par 6 pages d’informations. Comment, en effet, construire une histoire crédible et juste, sur un tel sujet ? C’est l’entreprise réussie de cet album. Dans un village africain d’un pays sans nom, se déroule une audience au sortir de dix années de guerre. Une commission « Vérité et Réconciliation » va mettre face à face Tamba, 16 ans, l’ex-enfant soldat, et une population meurtrie, celle de son village d’origine. Le récit se déroule en alternant l’évocation de ces séances et les scènes vécues par l’enfant qu’il a été : l’arrivée des rebelles, la tuerie, le rapt de plusieurs enfants, l’enrôlement, la guérilla, la fuite vers un camp de réfugiés. De cette période-là, tout est évoqué et peu à peu l’adolescent parle : l’endoctrinement, apprendre à tuer pour ne pas être tué, la drogue, le viol de son amie et l’enfant qui en naîtra, les jours et les nuits de cauchemars et de rares échappées d’accalmie (la naissance du bébé, la nature, l’amitié malgré tout, la sollicitude d’un aîné). Le visage de l’enfant Tamba, qui orne la couverture avec son casque de combat orné d’un papillon, comme l’ombre d’un espoir, donne le ton de ce récit qui n’élude rien, laisse beaucoup sous-entendre, parle au final d’un retour possible à une forme d’humanité lorsque victimes et bourreaux peuvent se faire face. Dans les pages finales, précises par l’information qu’elles apportent, l’auteure, Marion Achard, témoigne aussi, en tant qu’artiste de cirque pour « Enfants réfugiés du monde ». Les lieux de guerre de par le monde sont cités ainsi que des chiffres (120 000 enfants se battent encore aujourd’hui en Afrique). On y dit le rôle des ONG, des commissions « Vérité et réconciliation » (une trentaine à ce jour dans le monde) et les actions du Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR). Elles dénoncent l’innocence sacrifiée, les vies broyées au profit d’idéologies politiques, économiques ou religieuses. Dans une construction assez complexe, rythmée par les flashbacks, le récit, soutenu par les images de Yann Dégruel laissant entrevoir l’insoutenable, interroge, sans réponses toutes faites, les questions de culpabilité, de responsabilité, de réconciliation, de reconstruction.

ML

 

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