L’Enfant et les Colons

Langue : français Auteur : Edmond Mballa Elanga Illustrateur : Ntep Adams Kelly Lieu d'édition : Yaoundé (Cameroun) Éditeur : Tropiques Année d'édition : 2013 Nombre de pages : 32 p. Illustration : Couleur Format : 22 x 30 cm ISBN : 978-9956-10-051-9 Âge de lecture : À partir de 10 ans
Un colon donne un coup de pied aux fesses d'un jeune homme qui crie

En 1939, au Cameroun sous domination française, Ela Pierre et Ndongo Jean, deux enfants du village d’Akok-Bekoé sont envoyés par le chef Enyegue Jacques, comme il lui était ordonné, à l’école régionale de Yaoundé. Ils y rencontrent deux autres écoliers qui leur proposent un hébergement sur le terrain du vieux Belinga Etungu, où ils construisent une maisonnette pour les quatre. Lorsqu’elle est brûlée, en même temps que plein d’autres, par un cruel administrateur colonial, les enfants rédigent une plainte mais quand il la porte à l’administration, Ela Pierre se heurte à l’arbitraire de la justice coloniale. Sur les conseils d’un traducteur-interprète, il entame alors une bataille juridique, ce qui le mènera en prison, avant d’obtenir finalement justice et le renvoi des fonctionnaires abusifs du Cameroun.

Rentré amaigri, blessé et affaibli à Akok-Bekoé, Ela Pierre provoque une polémique au village, les uns déplorant les mauvais traitements que l’administration française inflige aux écoliers camerounais, les autres redoutant les représailles des autorités coloniales sur le village. C’est le chef Enyegue qui tranche : la loi doit être appliquée pour les colons comme pour les camerounais et l’enfant est dans son droit. Il retournera donc à l’école. À son retour à Yaoundé, Ela Pierre reçoit le dédommagement pour la destruction du logement, avec lequel il peut racheter ses effets et ceux de ses camarades. Il suivra alors sa scolarité avec succès et sera un jour envoyé en Oubangui-Chari comme personnel de santé.

Avec L’Enfant et les Colons, feu Edmond Mballa Elanga père, né en 1929, nous offre une peinture de certains aspects de la vie des Camerounais sous colonisation française. Ela Pierre incarne à lui seul les victimes des exactions françaises, mais aussi la capacité des colonisés (à force de courage) à faire valoir leurs droits auprès de l’administration de tutelle. On y perçoit aussi la complexité et l’arbitraire du système colonial, ses différents « rouages » et le parcours du combattant que représentait toute démarche légale pour un Camerounais, dans un tel contexte. Les illustrations de Ntep Adams Kelly se déploient sur chaque double page ; très expressives, elles confèrent une dimension actuelle au récit ; ce qui nous rappelle aussi que l’époque décrite n’est pas encore tellement éloignée…

RT