L'homme sans paysage
battre la campagne
رجل بلا مناظر
يوميات تائه في الحقول
Dans Macadam : courir les rues ماكادام. نتسكّع في الشوارع, publié en 2020, Mo Abbas s’intéressait à l’environnement urbain. Dans L’homme sans paysage : battre la campagne رجل بلا مناظر. يوميات تائه في الحقول, il se concentre sur l’environnement rural, le rapport de l’homme moderne à la nature, sa méconnaissance des espèces qui y vivent… Tour à tour moqueur, rêveur ou philosophe, le poète nous propose des textes souvent ancrés dans un cadre français, en utilisant des termes comme PMU, par exemple, et un langage parfois familier, comme « T’as raison, laisse béton. | Allons boire un canon » (dans « Où l’on sait que l’on ne sait rien لا نعلم إلّا أمراً واحداً وهو أننا لا نعلم شيئأً»). Autant dire que la tâche de la traductrice, Lina Ayoubi, n’était pas aisée ! Comment rendre ces poèmes compréhensibles et accessibles en arabe standard moderne sans trahir leur esprit, tout en créant un rythme, des images, un univers ?
Lina Ayoubi a fait un travail impressionnant qui force le respect. Ses poèmes sont beaux, rythmés, d’une musicalité indéniable, tout en utilisant un vocabulaire compréhensible dans l’ensemble du Monde arabe. L’univers de Mo Abbas est transposé dans un imaginaire arabe et gagne ainsi en force évocatrice d’images et de sensations. La virtuosité de Lina Ayoubi est illustrée notamment dans sa traduction de « L’homme sans paysage رجل بلا مناظر », poème truffé de jeux – avec les mots et les sons. Le poème en arabe est d’une belle finesse, d’une réelle musicalité. La traductrice a réussi l’exploit de créer, à partir des écrits de Mo Abbas, des poèmes en arabe qui ont une valeur intrinsèque.
Les illustrations empreintes d’onirisme de Jeanne Macaigne dialoguent parfaitement avec les textes dans les deux langues ; l’univers du texte en arabe et celui des illustrations se complètent harmonieusement.
HC