Myriam et le Prince d’Angleterre

Langue : français Auteur : Zeïna Haïdara Illustrateur : Oumar Maiga Lieu d'édition : Gagny (France) Éditeur : Tropique Éditions Année d'édition : 2012 Collection : (Tropique poche) Nombre de pages : 126 p. Illustration : Noir et blanc Format : 17,5 x 12 cm ISBN : 2-84943-008-0 Âge de lecture : À partir de 10 ans Prix : 9 €
illustration de jeune femme habillée pour la chasse, suivie des porteurs de ses

Myriam, princesse « mandinka », est « une redoutable guerrière et une chasseresse hors pair » au grand désespoir de sa mère qui souhaite la voir abandonner ces activités masculines pour se marier. Mais la vie de la jeune fille va prendre une tournure dramatique avec l’arrivée des « hommes sans peau » : son père tué, sa sœur enlevée, la jeune fille se lance à la poursuite de ces Blancs venus capturer les siens. Myriam ne le sait pas encore, mais sa quête la mènera de l’Afrique de l’Ouest jusqu’en Angleterre où, dans la deuxième partie du roman, elle découvrira ce qu’est la vie d’une esclave - ainsi que l’amour – et se verra mêlée aux luttes fratricides dans la cour royale. Combats, intrigues, magie (grâce à laquelle les problèmes se résolvent) et lutte sont servis par un texte rythmé, qui tient le lecteur en éveil.

Le roman distille des informations sur les étapes du commerce de bois d’ébène : razzias, trajet jusqu’au port, traversée, vente aux enchères… Le thème de la trahison entre captifs pour obtenir les faveurs des maîtres est introduit par le personnage d’Abygaëlle. Il est rarissime qu’un roman africain de jeunesse évoque l’esclavage- nous ne connaissons que Kaméléfata de Gbanfou (pseudonyme d’Amadou Koné ; Hatier, 1987).

Toutefois Zeïna Haïdara n’écrit pas une histoire sur l’esclavage, mais une aventure qui se passe au temps de l’esclavage. La fin est certes digne d’un conte de fées, mais ce qui relève de ce pan de l’Histoire n’est pas édulcoré et permet au jeune de s’en faire une idée assez précise. Certaines descriptions, comme celles des tenues de bal, peuvent paraître poussées, mais elles renforcent le contraste entre la richesse des maîtres et la condition des esclaves, à l’origine même de cette richesse.

Cependant, malgré l’avertissement de l’éditeur, « ce récit est une œuvre de pure fiction née de l’imagination de l’auteur », la coexistence entre réalité historique et fiction romanesque merveilleuse pose problème, surtout dans la deuxième partie : les captifs amenés en Angleterre « ramèrent sur les bateaux jours et nuits » (or les bateaux négriers n’étaient pas des galères), « les plantations de café et de vigne » semblent se situer en Angleterre (où ils ne poussent guère), les noms des nobles ne sont pas seulement fictionnels mais invraisemblables (comme le prince Daniel), ou impossibles (le nom « duc de Lancaster » est donné à un personnage principal or le duc de Lancaster est depuis des siècles le roi d’Angleterre lui-même). Enfin, que le cadeau de mariage pour le prince Daniel et Myriam offert par la reine soit l’abolition de l’esclavage, c’est sûrement prendre trop de libertés avec l’histoire, même dans un roman merveilleux…

FC