Bouti de Djibouti
Djibouti – comme d’ailleurs les autres pays de la corne de l’Afrique, Érythrée, Éthiopie, Somalie – est peu présent dans l’édition jeunesse. On salue donc cette initiative éditoriale locale menée dans le cadre de l’Atelier d’édition « Le Dig Dig » (une antilope qui saute sur la pointe des sabots !). Bouti de Djibouti reprend un des textes d’Yves Pinguilly parmi la vingtaine composant Contes et légendes d’Afrique d’Ouest en Est, bon recueil publié chez Nathan en 1997. Sous la plume de ce grand amoureux des contes africains et des mots, les textes traditionnels font « peau neuve », parlent à l’oreille de manière fleurie, prennent d’autres couleurs et sans doute… quelques libertés. Qu’on en juge ! Un beau matin, le soleil pas bien vaillant tarde à illuminer la Terre et, en premier lieu, Djibouti qui se couvre de nuages éclatant bientôt en pluie de lait de chamelle. Et voilà les corps plus blancs que ceux des blancs ! Entre en scène l’ogresse de sinistre réputation, euphorisée pour l’heure par le « broutage » d’une botte de khat (« l’herbe » locale), au point d’en perdre sa voracité naturelle, mais non sa fertile imagination… En tous les cas, on ne l’y reprendra plus. La morale pourra surprendre, mais l’ensemble, sous la forme d’un conte d’explication, constitue une première lecture assez plaisante, bien que plutôt échevelée (voire compliquée ?), émaillée de formules (en afar ou en somali ?) et de mots renvoyant aux réalités locales. Une bonne présentation où le noir et blanc des illustrations de Nicoby entretient l’étrangeté.
Marie Laurentin