Le Fruit du serpent
Suivi de Nsona
Deux histoires fortes de Gabriel Kinsa, empreintes de merveilleux, dont l’atmosphère de mystère est parfaitement rendue par les images remarquables de Ded Latol. Les deux contes, nourris de la culture congolaise, évoquent une société profondément attachée à ses coutumes et familière de la sorcellerie, en symbiose avec la forêt et en conversation avec ses ancêtres.
Dans le premier conte, deux générations – un chasseur, puis une vieille femme exclue – voient, l’une après l’autre, l’enfant, « fruit du serpent » et fondateur de ville, recueilli dans un arbre au cœur de la forêt, par l‘intermédiaire du serpent. On peut trouver l’enregistrement sonore d’une variante de ce conte, dite par l’auteur, sur son site Internet.
Le second conte, une variante du conte-type 900 (classification Aarne & Thompson) dit de ‘la fille difficile’ (on peut voir La fille difficile: un conte-type africain, ed. Veronika Görög-Karady et Christiane Seydou. Paris: CNRS, 2001 ; avec CD-ROM), raconte les mésaventures d’une jeune fille qui, après avoir éconduit tous ses prétendants, finit par suivre un bel étranger qui s’avère être un crâne et revient chez elle guérie de son orgueil.
La mise en page, avec différentes tailles de cases, facilite la lecture, offrant des pauses qui rythment le récit et en restituent l’oralité. La grande qualité des illustrations, en noir et blanc rehaussé de teintes ocres et de rouge, encadrées par des sculptures d’une grande pureté de lignes et des frises stylisées qu’on dirait découpées dans de l’écorce, transportent le lecteur au cœur d’un autre monde.
Gabriel Kinsa est né au sud du Congo-Brazzaville. Aujourd’hui établi en France, grand conteur et homme de théâtre, il a publié plusieurs livres de contes (Graines de sortileges, Le Mystère de Zala Zoba), qu’il présente également en spectacles pour enfants. Il a aussi publié des CD audio de contes et de berceuses.
Une deuxième BD réunit le conteur et l’illustrateur : La Reine des eaux (Latol errances, 2010).
FU