Une nouvelle vie pour la Bibliothèque départementale de La Réunion
Une réouverture attendue
Après deux ans de fermeture pour travaux, la Bibliothèque départementale de la Réunion a rouvert ses portes au public en décembre 2009. Grâce à un projet architectural ambitieux, la bibliothèque la plus ancienne de l’île s’offre une nouvelle jeunesse : au bâtiment colonial, rénové, est adjointe une extension moderne de 1000m2 alliant le cuivre, le verre et le béton brut. De quoi proposer au public de nouveaux services : une salle informatique, des ateliers autour du livre ou encore des accueils de classes…
Laurence Macé, pouvez-vous vous présenter ?
Je suis la directrice, depuis deux ans, de la Bibliothèque départementale de La Réunion, établissement patrimonial spécialisé sur La Réunion et l’océan Indien.
Y a-t-il une action, un événement, un livre ou une personne qui vous a tout particulièrement marquée ?
L’amour de la lecture et des autres m’a très tôt poussée vers le monde des bibliothèques. Je me rappelle avoir souvent joué, avec ma sœur, à la bibliothèque. Je fréquentais, alors, l’établissement que je dirige aujourd’hui et j’étais éblouie par ce qui s’y passait et les dames qui y travaillaient…
Comment percevez-vous le monde du livre et de la lecture ? Hier ? Aujourd’hui ?
Au regard de ce que je constate lors de nos actions en direction des publics dits « éloignés », j’ai du mal à croire que le livre, et l’écrit en général, n’attirent plus. Les petits vont toujours spontanément vers l’album et l’histoire. Les plus grands peuvent également s’y intéresser dès que le sujet les touche. Certains documentaires, ou encore la presse, trouvent encore un public, même si cette lecture est le plus souvent rapide et superficielle.
Comment vous inscrivez-vous dans ce monde ?
Le métier de bibliothécaire a beaucoup de sens pour moi. D’abord, parce que je crois profondément en la notion de service public libre, gratuit et ouvert à tous sans distinction. Ensuite, parce que j’estime ainsi travailler pour le rayonnement et le développement de mon île. Enfin, parce que la rencontre entre un enfant et un livre reste, pour moi, un moment absolument magique et porteur d’avenir. En tant que bibliothécaire, je me sens complètement investie dans cette promotion de l’imprimé au sens large. J’y travaille tous les jours avec bonheur !
Quelles sont les dernières évolutions en termes de création, d'édition et de lecture publique à La Réunion ?
L’édition réunionnaise est très dynamique, notamment en matière de production jeunesse. Cette tendance, amorcée au milieu des années 2000, se concrétise par des sorties régulières, des auteurs et des illustrateurs professionnels, des collections qui se mettent en place, ainsi que par la naissance de nouveaux éditeurs. On assiste également à une présence croissante des acteurs réunionnais du livre dans les Salons, les festivals, les librairies, en France et à l’étranger, y compris dans notre zone géographique. Cette activité à l’extérieur favorise la reconnaissance des ouvrages de La Réunion qui reçoivent, de plus en plus, des prix pour leur qualité.
En matière de lecture publique, la Médiathèque du Tampon remporte tous les suffrages grâce à une importante politique de services offerts au public, tandis que la Bibliothèque départementale de La Réunion propose, dans un magnifique bâtiment mêlant architectures coloniale et contemporaine, de mettre le patrimoine imprimé de l’océan Indien au cœur de ses collections et de ses missions.
La langue créole a-t-elle acquis une plus grande place dans les publications ?
La reconnaissance du créole comme langue d’écriture progresse, avec des publications régulières – y compris en jeunesse –, ainsi qu’un fort mouvement de traduction de textes français marquants : Tintin, Astérix… Plusieurs prix littéraires portés par les collectivités encouragent la création littéraire locale. La question de la graphie reste problématique, mais un consensus semble se dessiner à la faveur de la multiplication des auteurs créolophones.
La présence de la région, à votre initiative, sur le Salon du livre et de la presse jeunesse à Montreuil a-t-elle eu un impact ? Si oui, lequel ?
La présence des éditeurs de l’océan Indien à Montreuil est devenue aujourd’hui incontournable. Porté par La Réunion, ce stand a incité au rapprochement des professionnels du livre de La Réunion et de la zone. Éditeurs, auteurs, illustrateurs, libraires, bibliothécaires et documentalistes participent, à tour de rôle et avec enthousiasme, à cet événement.
C’est une grande fierté pour notre île d’avoir su fédérer tous les acteurs concernés pour montrer une image moderne et professionnelle des publications de nos territoires.
L’apparition de publications croisées crée une dynamique favorable à la concrétisation de projets communs. La valorisation de nos littératures devient, alors, une logique commune et renforce le sentiment d’appartenance à un même espace, celui des îles du Sud-Ouest de l’océan Indien.
Quels sont vos projets, vos envies, vos rêves ?
Après avoir inauguré cette nouvelle Bibliothèque départementale de La Réunion, il nous reste aujourd’hui à lui donner du contenu, à y faire venir toutes sortes de publics et à l’ouvrir le plus possible en nouant des liens construits avec des partenaires, d’ici et d’ailleurs, autour du livre, mais pas seulement.
Propos recueillis par Anne-Laure Cognet.
Pour aller plus loin
La Bibliothèque épartementale de La Réunion
Héritière des collections de la Bibliothèque Coloniale, la Bibliothèque départementale est aujourd’hui une bibliothèque patrimoniale spécialisée sur les îles de l’océan Indien, le monde créole et l’histoire coloniale française. Créée en 1855, c’est aussi la plus ancienne bibliothèque publique de l’île. Attributaire du dépôt légal depuis 1969 et « Pôle associé » de la Bibliothèque nationale de France dont elle est le relais, elle collecte l’ensemble de la production imprimée de l’île.
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