Les Étrangers
Ce roman, qui évolue au plus près de la réalité de la migration sauvage vers l’Angleterre et dont le narrateur est un adolescent de la ville, s’inspire de la situation aux environs de Calais, avec en arrière-plan une Angleterre proche mais indistincte. Le texte, à la fois sobre et poétique, est marqué par l’errance, le temps qui passe et l’instabilité. Au travers des yeux d’un adolescent soudain confronté à la réalité de la migration et « de tant de choses qui jusque-là [le] concernaient si peu » (p.48), le roman plonge le lecteur dans un univers brouillé et sans repères, dominé par l’angoisse. Suite à une fugue à la sortie du collège, en partie causée par le malaise ressenti au sein d’une vie de famille qui se délite, le jeune homme rencontre un ancien camarade de classe qui l’entraîne dans l’aventure de l’aide aux migrants avec ses dangers. Les jeunes étrangers décrits, dont l’un est iranien, n’ont plus d’identité : ils ont connu la guerre, « les camps, les trafics, […] les jeunes gens qui s’accrochent sous des camions et en meurent parfois » (p.47). Ceux qu’ils rencontrent, ce sont les gendarmes, les passeurs, une mamie stupéfiante d’audace et d’étape en étape, le jeune narrateur découvre qu’« il est difficile de faire la différence entre la police, les mafias, les expéditions des fachos, les journalistes et les militants associatifs » (p.50). Au fil des pages, il redécouvre l’anglais et son utilité pour communiquer, et d’autres langues, d’autres histoires, en même temps qu’il amorce une réflexion sur le rôle des parents dans l’éducation des enfants. C’est là un récit très engagé, où le passé vient éclairer un présent difficile à vivre autant qu’à comprendre, un texte dominé par l’importance de la solidarité. Les deux auteurs, français, ont chacun publié plusieurs ouvrages pour la jeunesse et ce n’est pas la première fois qu’ils abordent le thème des migrants.
FU